3ème dimanche du temps ordinaire

22/01/2023

L’appel des Apôtres (Chartres)

Lectures : Is 8, 23b-9,3 | Ps 36 (27) | 1Co 1, 10-13.17 | Mt 4, 12-23

Nous avons lu ensemble les quatre textes, beaucoup échangé, même si nous avons ressenti que ces textes étaient lés, nous nous sommes répartis l’élaboration des interventions.

Je vais donc commencer par la partie Ancien testament, puis Roger parlera du texte de Paul et Cécile conclura avec l’Évangile.

Le texte d’Isaïe nous a spontanément plu par sa beauté. Il est très harmonieux avec ses oppositions entre ténèbres et lumière et joie.

Il nous a surtout touchés car il invite vraiment à la confiance et en Dieu qui ne nous abandonne jamais.

Ce qui est un peu difficile, ce sont les noms propres qui n’évoquent pas forcément quelque chose pour nous alors qu’ils étaient très parlants à l’époque d’Isaïe.

Ici, même si on ne connaît pas Zabulon et Nephtali, on retient que la gloire et l’ouverture ont remplacé la honte. Puis avec Madiane, c’est l’allusion à une victoire improbable de Gédéon, que je ne connaissais pas, j’ai donc lu son histoire. Il a fait confiance à Dieu qui l’a guidé vers une victoire qui semblait impossible. Avec 300 hommes seulement, en attaquant de nuit, selon les conseils du Seigneur, il a pu mettre fin à la terreur et à la misère que faisait régner des milliers de Madianites. C’est la fin de la famine. L’allégresse et les réjouissances ont remplacé le joug de la tyrannie.

Nous en sommes très rapidement arrivés à évoquer nos histoires à nous, les moments de difficultés, de souffrance, de peur aussi, moments où nous nous sommes appuyés sur notre foi pour sortir la tête hors de l’eau, confiants que Dieu est présent au fond de nous et dans nos vies.

On a évoqué aussi les moments de découragement où la prière est plus difficile. Le psaume nous a paru une prière lumineuse, de confiance que nous pouvions garder, avec ce beau message : « Espère le Seigneur. Sois fort et prends courage, espère le Seigneur ».

Certains d’entre vous connaissent la Grèce et nous avons pu marcher sur les pas de Saint-Paul en 2019 lors d’un pèlerinage avec la Communauté de la Sagesse.

Imaginez-vous que quand Paul arrive à Corinthe, vers l’an 50, cette ville compte environ 600 000 habitants dont 400 000 esclaves, et grâce à ses deux ports, il y règne une activité commerciale intense. C’est aussi le lieu traversé par de nombreux courant de pensée qui y trouvent un écho.

Quand il écrit cette lettre, Paul n’est plus à Corinthe, mais à Éphèse. Par des commerçants qui vont régulièrement de Corinthe à Éphèse, notamment des employés de Chloé, il reçoit régulièrement des nouvelles des communautés qu’il avait établies lors d’un précédent voyage. Il est très mécontent de ce qu’il apprend.

Elles se sont transformées en clans qui se querellent et revendiquent leurs différences : « j’appartiens à Appolos », « j’appartiens à Pierre ».

Les prédicateurs qui animent ces communautés rivalisent d’éloquence et d’arguments pour déclencher l’enthousiasme parmi leur auditoire et se sont ainsi peu à peu écartés du message initial.

Dans sa lettre, Paul va leur envoyer deux messages :

Le premier : pour prêcher l’Évangile de l’amour, on n’a pas besoin de faire des prouesses d’éloquence et de beaux discours, ce qu’il appelle « le langage de la sagesse humaine ». L’art oratoire, la force de l’argumentation ont pris trop d’importance.

Dans son deuxième message, c’est le sens même du baptême qui est en jeu.

A ceux qui disent « j’appartiens à Paul », il répond : « est-ce Paul qui a été crucifié ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? »

Pour Paul, personne ne peut dire « j’ai été baptisé au nom d’un tel ou d’un tel ». Tous ont été baptisés au nom du Christ. Être baptisé, c’est être intimement uni au Christ. Dès lors qu’on est baptisé, il n’est plus possible d’être divisés entre chrétiens.

D’ailleurs, le Concile Vatican 2 le rappelle : Quand le prêtre baptise, c’est le Christ qui baptise ».

Comme nous le voyons dans l’Évangile de ce dimanche, dès le tout début de sa vie publique, le Christ a choisi ses disciples pour qu’ils marchent à sa suite et qu’ils fassent ce que lui-même fera avec eux tout au long de sa vie, à savoir : enseigner, proclamer la gloire de Dieu et guérir les malades.

Jésus nous invite donc à nous mettre en marche, comme il l’a fait lui-même dans un contexte où il aurait pu se cacher, se murer dans le silence si sa nature d’homme avait pris le dessus, en apprenant l’arrestation de Jean le Baptiste. Mais, non ! Habité par l’esprit de Dieu, il se met en marche et recrute des alliés pour qu’ils soient ses serviteurs.

Nous nous sommes dit que Jésus a un sacré charisme pour que des personnes laissent tout derrière elles pour le suivre. Pierre et André abandonnent leur travail pour le suivre. Jacques et Jean quittent leur père pour le suivre.

Parfois les textes du dimanche me dépriment, ne résonnent pas en moi. J’ai été ravie de réfléchir avec mon trio sur les textes de ce dimanche, car ils sont une invitation à la joie, à l’espérance, à l’unité et à la conversion.

Néanmoins, nous nous sommes demandé si nous aurions nous aussi tout quitté pour suivre Jésus. Est-ce qu’aujourd’hui nous serions capables de laisser notre travail pour suivre Jésus ? Est-ce qu’aujourd’hui nous serions capables de nous soustraire de mes obligations familiales pour suivre Jésus ? Plus globalement, comment nous mettons-nous en marche aujourd’hui, dans notre monde en crise pour rester à la suite de Jésus ?

Je trouve personnellement que le renoncement, le découragement est facile tant la misère est grande, tant la désespérance est profonde dans notre monde actuel. Pourtant, au milieu des ténèbres d’aujourd’hui, la crise sanitaire, la crise énergétique et tant d’autres causes de souffrance présentes et à venir, une lumière continue de briller : la foi en la puissance d’amour de Dieu, qui a mille visages. Jésus nous montre que nous pouvons être individuellement et collectivement des témoins de joie, des étoiles sur les sentiers sombres du monde.

En ne renonçant pas, en se mettant en marche, Jésus nous montre l’exemple d’une foi agissante qui peut seule rendre la vie possible à celui qui soufre, à celui qui désespère, à celui qui ne croit plus, par un geste, un sourire, une main tendue, une écoute…

Comme nous y invite Paul dans sa lettre, chacun de nous peut trouver en Jésus un modèle pour aller à la rencontre de l’autre, pour s’ouvrir à la fraternité et vivre fraternellement.

Marie-Claude, Roger, Cécile

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