Cet évangile nous touche plus particulièrement aujourd’hui puisqu’il nous rapporte que les disciples étaient confinés chez eux après la mort de Jésus. Nous, c’est la peur du virus qui nous oblige à vivre enfermés, eux c’était la peur d’être arrêtés et de mourir comme leur Maitre. La Bonne Nouvelle est que Jésus vient au milieu d’eux, qu’il vient à leur rencontre et leur apporte la paix. « La paix soit avec vous » leur dit-il. Autrement dit, n’ayez pas peur, vous n’êtes pas seul, je suis là. Aujourd’hui, Jésus ressuscité vient à notre rencontre et nous dit la même chose. Vous êtes angoissés par cette pandémie : la paix soit avec vous ! Vous souffrez de l’enfermement, vous avez du mal à vivre en famille et les agacements, les conflits sont nombreux : la paix soit avec vous ! L’isolement fait remonter à la surface des souvenirs peu glorieux de votre histoire : la paix soit avec vous ! dit Jésus. Comme pour ses disciples, sa présence change notre vie, nous apaise, nous met en confiance et nous ouvre l’avenir.
Mais Thomas était absent. Il veut bien y croire, mais il faut qu’il fasse lui-même l’expérience de sa présence. Comment pourrait-il croire à l’impensable et être en paix à son tour ? Thomas, notre jumeau, notre frère en humanité, que nous rejoignons aujourd’hui dans la même interrogation : Jésus est-il vraiment ressuscité ? Pouvons-nous à notre tour l’affirmer non sur le dire d’autres, mais aussi parce que nous en avons fait l’expérience. Thomas a attendu 8 jours, nous peut-être plus longtemps, et Jésus s’est présenté à lui alors qu’il ne l’attendait pas, tout en l’espérant. Quand Jésus se présente à lui, il y a ce face à face saisissant, ce dialogue direct, franc, fraternel. A son tour, il rencontre le Ressuscité et il passe du vouloir voir, toucher, à la foi en ce Jésus qu’il reconnaît comme son Seigneur et son Dieu.
Voilà notre chemin. Le Christ vient dans nos vies, il ouvre nos portes et nos fenêtres pour entrer alors que nous ne l’attendons pas. Il fait irruption, il est là au plus intime et il nous apporte la paix de Dieu. Est-ce bien lui, alors que nous sommes enfermés dans le deuil et la peine d’un être cher ? Est-ce bien lui, alors que la question fuse : s’il existe, pourquoi n’arrête-t-il pas cette pandémie meurtrière ? Est-ce bien lui, alors que tant de dévouement n’est pas sûr de faire changer le monde ? La réponse qu’il nous donne est la même qu’à Thomas : « Voyez mes mains et mon côté, voyez mes blessures, voyez ma vie et ma mort, voyez mon amour pour vous tous. Je suis là avec vous, je vis avec vous, je partage vos joies et vos peines, je suis votre frère. A vous de me faire un peu de place, à vous de le croire. »
Puissions-nous le reconnaître et lui dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Père Jean COURTES