La patience de Dieu – 16 dimanche A – 19 juillet 2020

Vincent Van Gogh

Toute mon enfance a été bercée par le bruit des trieuses qui séparaient la cuscute du bon grain. Cette plante vampire se développe au point de se mélanger au blé, à l’avoine, etc., et ce n’est qu’à la récolte que le tri peut se faire. Mais soyons plus positif, comme la parabole. Avez-vous déjà semé des carottes, des radis, des tomates, ces petites graines qui des mois plus tard deviennent des beaux légumes et pour les tomates donnent en abondance ? Ainsi en va-t-il nous dit Jésus de la Parole de Dieu. Elle est semée dans notre monde et elle prend racine chez des hommes qui se convertissent et entrent en communion avec Dieu. Ils forment son peuple et ils forment comme une grande famille. Zélés, ils voient bien qu’ils ne sont pas les seuls à essayer de toucher les esprits et les cœurs. D’autres courants, d’autres paroles, d’autres propositions que l’évangile parcourent le monde et des personnes s’y attachent et y croient. Faut-il faire le tri maintenant ? Non dit la parabole, pour le moment pas de tri sélectif, il aura lieu plus tard par d’autres.

Jésus nous invite à la patience, à la tolérance et nous remet à notre place. Nous ne sommes pas des juges ! Semons largement la parole de Dieu et laissons-la croître, se développer sans chercher à désherber, car un faux mouvement est vite arrivé. Notre rôle est d’annoncer la Parole, Dieu enverra ses moissonneurs, alors soyons confiants, tout est dans les mains de Dieu.

Et si le champ était notre cœur et que nous recevions en même temps du bon grain et de l’ivraie ? Et si nous étions attentifs à l’évangile, mais aussi accueillants à d’autres voix qui nous proposent d’autres philosophies de la vie, d’autres croyances, d’autres manières de vivre ? N’entendons-nous pas sans arrêt : « Faites-vous plaisir » « Prenez soin de vous », etc., autant de formules qui nous prêchent le « quant à soi » et non le « entre nous » ou la fraternité. Certes l’évangile nous change et nous oriente fortement vers les autres, mais notre ego se développe et nous chante plusieurs partitions qui nous replient sur nous-mêmes. Tout se développe ensemble et il y aura le moment venu un tri. Que se passera-t-il à la fin des temps ? Dans l’imaginaire religieux, trois grandes figures le décrivent : le paradis, le purgatoire et l’enfer. Le paradis est l’état de communion pleine et entière avec Dieu. Les saints y sont et nous y attendent. Le purgatoire est comme une salle d’attente, très grande où se trouve le plus grand nombre. Lieu de purification, d’amendements, il est le lieu de l’espérance, car il n’y a qu’une seule porte qui ouvre vers le paradis. L’enfer est le lieu définitif de l’anéantissement et de la mort. Qui y va ? Personne n’a la réponse, donc n’y mettons personne !

Le royaume des cieux ou de Dieu est comparable à un champ où Dieu sème abondamment son amour et comme le dit une autre parabole, cela produit tantôt trente, tantôt soixante et tantôt cent. Certes, il y a de la mauvaise herbe, de la cuscute, de l’ivraie, mais l’essentiel est cet amour de Dieu qui se donne, se diffuse, se partage dans notre humanité. Dieu est patient, il a le temps car il aime.

Père Jean COURTES

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