Rembrandt
Est-ce possible ? Si oui comment faire pour y arriver ? A moins d’avoir des qualités exceptionnelles, et encore, pardonner à l’infini n’est pas humain. Nous voulons bien pardonner quand celui qui nous a fait du mal, prend la ferme résolution de ne plus recommencer. Si au contraire, la personne ne change pas et continue à nous faire du mal, nous ne pardonnons plus. C’est au-dessus de nos forces, nous ne pouvons plus, nous ne sommes pas des saints ! Et pourtant la réponse de Jésus à Pierre est percutante, impérative : le disciple est celui qui pardonne 70 fois 7 fois, c’est-à-dire à l’infini.
Un seul peut nous y aider : Jésus. Lui, nous a montré le chemin du pardon total, chemin d’amour qui fait changer et renaître. Toute sa vie publique, il a été combattu, humilié, vilipendé, arrêté, maltraité jusqu’au procès qui l’a conduit à la mort. Et sur la croix, il arrive à dire cette parole incroyable pour un homme : « Père pardonne-leur ». Jésus puise sa force dans sa relation à son Père. Il sait que lui seul peut l’aider à donner son pardon jusqu’au bout. Il sent qu’il ne peut vivre ce pardon à l’infini que par la grâce de Dieu. Aimé de lui, il s’abandonne à lui pour tout donner. Seul l’amour peut nous mener sur ce chemin du pardon total. Seul Dieu peut nous aider à pardonner à l’infini, car c’est au-delà de nos forces personnelles. Alors demandons cette force dans la prière.
Jésus poursuit avec une histoire : deux hommes doivent une somme d’argent. Pour le premier, l’ardoise est lourde : soixante millions de pièces d’argent (multipliez par 20 € au moins). Le second lui ne doit que cent pièces d’argent. L’écart est considérable. Le roi touché par l’appel à la miséricorde du premier, lui remet sa dette, mais ce dernier n’agit pas de la même façon avec son débiteur. Il est impitoyable et cela scandalise ses compagnons. Le pardon a une incidence sur les autres, il a une dimension communautaire. Quand nous pardonnons à un proche, il y a toujours un effet collatéral. Quand nous sommes pardonnés, nous changeons de vie. Le pardon nous change quand nous le recevons comme un don et non comme un dû. Alors, il nous fait changer.
Jésus enfonce le clou, non seulement il faut pardonner à l’infini, mais aussi nous laisser changer par le pardon qui nous est donné. Il nous y invite et nous y aide. Bien plus, dans nos communautés, nous pouvons nous entraider, nous stimuler pour pardonner chaque fois que nous nous trouvons devant ce choix. Les témoignages que nous recevons de pardons difficiles, nous invitent à notre tour à avancer sur ce chemin pentu. Pardonner c’est possible, pardonner c’est aimer, pardonner à l’infini c’est une grâce que Dieu nous donne.
Père Jean COURTES