La parabole du salaire égal ou passer du dû au don – 25° A – 20 septembre 2020

Jacobsz Lambert

Spontanément nous sommes mal à l’aise avec cette parabole parce que nous sommes du côté de la justice distributive, liée à la performance, au mérite et à l’effort. Le maître devrait rétribuer les premiers beaucoup plus que ceux qui n’ont travaillé qu’une heure. Question de justice et de bon sens. Pourtant l’histoire racontée par Jésus nous propose une autre justice qui, depuis Aristote, s’appelle la justice commutative. Elle consiste à traiter tout le monde de la même façon, en l’occurrence à donner le même salaire sans tenir compte des horaires et de la pénibilité. A la protestation des premiers embauchés, que répond le maître ? D’abord qu’il est juste puisqu’il paie le prix convenu, ensuite qu’il est libre de disposer de son argent comme bon lui semble et enfin que lui est bon (sous-entendu que ce n’est pas leur cas).

Dieu nous appelle tous à travailler à sa vigne, c’est-à-dire à son règne, à changer le monde pour qu’il soit imprégné d’amour, de justice et de paix. Pour cela il faut changer les règles : Dieu ne nous doit rien même si nous sommes depuis toujours des croyants, fervents, pratiquants et zélés. Du moins, il ne nous doit pas plus ! Nous sommes ses enfants, nous faisons partie de sa famille comme tous ceux qui reconnaissent son amour un jour ou l’autre. Mais nous résistons parfois en nous demandant comment peut-il nous traiter comme tous ceux qui mènent une vie contraire à l’évangile. La parabole est très claire : nous sommes tous traités de la même façon, quelle que soit notre vie car l’amour de Dieu est plus grand que tout. D’ailleurs, si nous lisons attentivement l’évangile, nous voyons bien que Jésus a eu une attention particulière pour les exclus, les pauvres, les méprisés, etc. Il nous dit d’ailleurs qu’ils nous précèderont dans le Royaume de Dieu. Pour Dieu rien n’est dû, tout est don.

Comme toujours ne fermons pas cette page d’évangile, car après leurs protestations qu’ont fait les premiers ouvriers ? Ont-ils compris la logique de la bonté du maître ? Sont-ils restés enfermés dans leur colère contre lui. Ont-ils fait la fête avec les ouvriers de la dernière heure ? A chacun d’imaginer la suite, mais surtout d’entendre que Dieu nous aime tous sans distinction car nous sommes tous enfants d’un même Père. Sortons du dû, accueillons le don !

Père Jean COURTES

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