Cathédrale d’Albi
Cette parabole de Matthieu sur le jugement dernier est rude et peut vous mettre mal à l’aise, car le roi sépare son troupeau en deux. D’un côté, ceux qu’il juge bons, de l’autre les mauvais. ? Pour ces derniers, le châtiment est éternel ! Si pour nous le roi est Dieu, qu’en est-il du Dieu-Amour, infiniment bon, compatissant, prêt à pardonner et à sauver tous les hommes ? Pourquoi aurait-il envoyé son fils Jésus ? Pourquoi l’aurait-il ressuscité, si ce n’est pour nous ressusciter avec lui, comme dit saint Paul aux Corinthiens ?
Peut-être que la pointe de la parabole est dans la répétition de la question des uns et des autres et dans la réponse du roi : « quand t’avons-nous donné à manger, à boire, de quoi te vêtir, sommes-nous venus te visiter, etc. ? – chaque fois que vous l’avez fait à un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Autrement dit, quand nous rencontrons quelqu’un qui appelle notre compassion, Dieu est là en lui. Et, il sont nombreux : devant la boulangerie, celui qui fait la manche ; au coin de la rue, celui qui est toujours mal fagoté avec son caddie plein et qui dort dehors ; celui qui m’écrit tous les mois pour me demander un coup de pouce financier, etc.
La parabole nous demande de voir ceux qui sont précaires, mais aussi d’agir. Avons-nous fait quelque chose pour eux ou pas ? La question est directe, elle appelle une réponse franche. Pouvons-nous répondre à tous ? Bien sûr que non, mais nous savons au moins que trois actes sont possibles : nous pouvons aider, soulager, donner de la chaleur humaine d’une manière ou d’une autre à ceux que nous rencontrons et qui en ont besoin ; nous pouvons aussi soutenir financièrement des organismes caritatifs qui leur portent secours et nous sommes souvent sollicités par eux ; nous pouvons nous engager comme citoyens pour faire reculer la pauvreté et la misère sur notre mètre carré de terrain. Pour nous chrétiens, le Christ est là dans le pauvre, dans celui qui attend un coup de fil de notre part, dans celle qui s’impatiente de notre visite, dans ceux qui s’isolent, désespèrent, vivent de grandes difficultés. En ces temps difficiles, mobilisons notre attention, ils sont nombreux ceux qui sont là, tout proche. Le Christ est là et il nous attend pour nous faire partager la joie du Royaume des cieux.
Père Jean COURTES