« J’ai deux amours ! » 3° dimanche de Pâques.  1° mai 2022

Arcabas

Ce passage de l’évangile de saint Jean me fait penser à la chanson très connue d’Edith Piaf « J’ai deux amours », tout simplement parce que les questions de Jésus à Pierre concernent « l’agapè », l’amour dont Dieu est la source et les réponses de Pierre sont de l’ordre de la « philia », l’amitié. Oui, il est son ami même s’il l’a renié et Jésus sait qu’il peut compter sur lui pour l’avenir, mais il faut qu’il entre dans cette « agapé » de Dieu, dans ce projet d’amour du Ressuscité qui a donné sa vie pour cela. C’est à cause de l’insistance, à la troisième question, que Pierre va comprendre et entrer dans la logique de Dieu : « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ».

Pierre, c’est nous avec notre foi au Christ, mais aussi nos doutes, nos défaillances, notre tiédeur ; c’est nous avec notre désir d’être de vrais et bons disciples ; c’est nous, nous énervant devant l’insistance de Jésus, alors que nous pratiquons régulièrement et que nous essayons de vivre l’évangile. Et pourtant, ce sont bien les questions de Jésus qui nous font progresser dans cette « agapé » de Dieu. Le Christ nous rend responsables de nos frères, du témoignage que nous devons porter : « sois le berger, le pasteur de mes agneaux, de mes brebis », c’est-à-dire, prends soin, accompagne, aide chacune, chacun sur ce chemin de la vie et de l’amour. Etre berger, pasteur, c’est s’asseoir, écouter, prendre conscience de ce que nos proches ou ceux que nous rencontrons, vivent. Comme le Christ dans cet évangile sachons rencontrer, préparer à manger, partager le repas, car c’est au cœur de cette relation de vie que l’amour de Dieu se découvre et se noue. Le miracle d’un amour donné, reçu et partagé est chaque fois une véritable résurrection que Dieu nous donne de vivre.

Pierre, c’est aussi l’Église, non d’abord l’institution, mais le peuple de Dieu, fort de sa foi : « Tu sais bien que je t’aime », mais aussi fragile dans certaines circonstances. L’actualité nous le montre en permanence : chrétiens divisés par les guerres, par des prises de position clivantes sur des sujets moraux, liturgiques, politiques, par une lecture partielle et partisane de l’évangile. Pourtant cette Église de chair et de sang reçoit la mission du Christ d’aimer le monde et de le conduire sur le chemin de la paix. L’amour de Pierre c’est l’amour de l’Église que guide le pape François pour qu’elle soit signe de fraternité et de paix dans ce monde divisé et désuni. Seul « l’agapé » de Dieu pourra le sauver et pour cela l’Église doit en vivre au jour le jour pour que le monde se sente aimé de Dieu. Quelle mission extraordinaire !

Père Jean COURTES

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