Accueille la différence ! 23° dimanche B – 8 septembre 2024
La finale des jeux paralympiques et le voyage du Pape François en Indonésie donnent une actualité aux trois textes de ce dimanche. Ouvre-toi, ouvrons-nous aux handicapés, à leur monde qui nous gêne et peut-être que nous redoutons. Ouvre-toi, ouvrons-nous à ce monde d’Asie que nous connaissons si peu et qui est loin de nous par ses cultures, ses religions, ses modes de vie. Ouvre-toi, ouvrons-nous à ces hommes et ces femmes qui nous dérangent parce que nous ne partageons pas les mêmes valeurs et qui vivent à l’opposé de nous.
Jésus rencontre cet homme handicapé qui ne peut ni parler, ni entendre. Pour le guérir, il va d’abord le sortir de son environnement, il le coupe de cette société qui l’enferme dans son statut de sourd-muet. Puis il va pratiquer des gestes de guérisseurs : il lui touche les oreilles comme pour lui enlever des bouchons, il lui touche la langue avec sa salive pour lui redonner la parole. Jésus prie Dieu pour que cet homme s’ouvre, vive autrement, accède à la vie divine.
Le sourd-muet n’a pas de nom. Et si c’était vous, moi, notre société, notre Eglise ? Sans nous culpabiliser, regardons nos vies. Comme le dit saint Jacques dans sa lettre, n’avons-nous pas classifié les gens en fonction de leur milieu, de leur profession, de leur richesse, de leur culture, etc. ? Accueillons-nous facilement la différence ? Quelles sont les relations qui nous sortent de l’entre-soi ? La réponse n’est pas facile et l’évangile nous appelle à oser l’ouverture. Ouvrons-nous et laissons la parole de Jésus nous toucher, venir en nous et remettre en question notre mode de communication. Reconnaissons nos limites relationnelles, nos difficultés à affronter la différence, nos enfermements permanents ou temporaires. La parole de Dieu nous pose à tous des questions pertinentes sur nos relations aux autres, à nous-mêmes et à Dieu. Mettons-nous à l’écart un instant pour nous laisser bousculer et nous ouvrir à la nouveauté. Le chemin de l’écoute, du respect et de la fraternité est porteur de vie nouvelle.
Entendons aussi ces textes en pensant à nos sociétés. Aujourd’hui, quelle surdité entre le Nord et le Sud, entre les peuples d’un même continent, entre des régimes opposés ? Que d’enfermements idéologiques qui font le malheur des plus fragiles et des plus faibles ! Quel prophète pourra se faire entendre aujourd’hui pour que notre terre puisse vivre dans la justice et dans la paix ? Nous attendons des nouveaux Martin Luther King, Gandhi, Mère Térésa, etc. Notre Eglise peut jouer un rôle en ce sens. Mais pour cela, il faut qu’elle se laisse interroger, toucher par la vie concrète de nos contemporains. Elle vit régulièrement le « Ouvre-toi » de l’évangile quand elle se remet en cause comme au concile Vatican II, dans sa relation aux homosexuels, aux autres religions, dans sa lecture des Ecritures, dans son rapport au monde, dans la gestion de la fraternité à l’intérieur d’elle-même.
Ouvre-toi, ouvrons-nous car Jésus prie pour nous le Père et nous propose un chemin nouveau qui est celui de l’amour, du don et de la fraternité quoi qu’il en coûte. L’Esprit de Dieu nous est donné pour cela.
Père Jean COURTES