En lisant l’évangile de ce dimanche, ce titre peut vous choquer et pourtant la fraternité est bien l’objectif final de Jésus. D’abord Jean vient dénoncer quelqu’un qui expulse les démons au nom de Jésus sans faire partie du groupe, sans avoir été formé par le maître, sans avoir été agréé. Il faut l’interdire ! Au désert, au temps de Moïse la même histoire : deux hommes prophétisent dans le camp sans la permission du patriarche. Il faut les arrêter ! Les réponses de Moïse et de Jésus sont les mêmes : s’ils font du bien aux hommes, ils sont du côté de Dieu. Jésus n’a pas l’esprit de chapelle. L’important pour lui est la fraternité et non le pouvoir. A méditer dans toutes les sphères de nos activités professionnelles, ecclésiales, associatives, etc.
La deuxième partie de l’évangile et plus déroutante et difficile. Jésus est dur contre ceux qui provoquent un scandale, qui font obstacles à l’évangile. Il leur promet un avenir terrible et éternel, un enfer là où le feu ne s’éteint pas. La situation sera telle qu’il vaudrait mieux qu’eux-mêmes coupent de leur plein gré ce qui les entrainent sur la voie du scandale. Le but de Jésus n’est pas bien sûr d’inciter les auteurs de scandale à l’amputation, mais de rappeler à tous que l’essentiel est de vivre la fraternité. Faire attention aux petits, à ceux qui ont besoin de nous pour vivre est une préoccupation constante de Jésus. Être chrétien, vivre notre foi au Christ passe nécessairement par cette fraternité de base, toute humaine et simplement vitale.
Comment ne pas penser en lisant ce texte aux scandales des abus sexuels, spirituels et de pouvoir dans notre Eglise, mais aussi dans bien d’autres lieux de notre société ? Oui, nous sommes scandalisés par ces révélations qui font obstacles à l’évangile quand elles ont eu lieu dans notre Eglise. Nous sommes choqués parce que ces hommes et ces femmes apparaissaient aux yeux de beaucoup comme des exemples de vie évangélique, alors qu’ils entrainaient dans le malheur des petits et des faibles. Loin de nous de nous poser en juges, ce n’est pas notre rôle, mais entendons le message de l’évangile : vivez la fraternité et enlevez en vous tout ce qui l’empêche.
Ce message Jésus l’adresse aux disciples, à nous. Ce qui scandalise parfois nos proches c‘est de nous savoir chrétiens, croyants et de nous comporter à l’inverse du commandement fraternel. Nous savons que nous sommes loin d’être exemplaires et que nous devons travailler à notre conversion, c’est-à-dire à changer en nous ce qui contrarie notre lien avec le Christ. Ce n’est jamais gagné, c’est toujours à reprendre. Y arriverons-nous ? Oui, soyons optimistes nous ne sommes pas seuls, nous avons l’Esprit de Dieu qui nous accompagne, à nous d’avoir cette volonté de nous remettre en cause et de nous ouvrir aux autres. Soyons heureux qu’aujourd’hui notre Eglise de France s’ouvre à la réalité des abus commis en son sein et prennent des décisions pour qu’ils cessent. Soyons heureux de travailler à cette fraternité qui est mise à mal dans notre monde. Soyons heureux d’apporter notre pierre à cette urgence de vie en témoignant de notre foi au Christ ressuscité.
Père Jean COURTES