L’évangile de ce premier dimanche de l’Avent peut résonner avec les tumultes de la vie de notre pays et du monde. Il faut se méfier de ces raccourcis car le propos de Jésus n’est pas politique. Il parle à ses disciples de sa venue. Rappelons-nous que les premiers chrétiens vivent leur foi au Christ ressuscité avec l’assurance que c’est la fin de leur monde et qu’une nouvelle ère s’annonce. Pour en parler Jésus recourt au genre littéraire de l’apocalypse très courant à son époque. Loin de les affoler, il veut les alerter, les rendre lucides : cette humanité va droit dans le mur, une nouvelle vie est possible et arrive : « Redressez-vous, relevez la tête car votre rédemption approche. »
Jésus désire que ses disciples sortent du régime de la peur. Oui, il a et il y aura toujours des crises en tout genre ; oui, il y a et il y aura toujours des épidémies, des guerres qui défigureront notre humanité ; oui, il y a et il y aura toujours des catastrophes naturelles, etc., mais ne vivons pas dans la peur en permanence. Face à tout cela, soyons vigilants et agissons. Faire de la prévention bien sûr, s’engager pour telle ou telle cause humaine mise à mal aujourd’hui, prendre soin des plus faibles et es plus fragiles, etc., les actions pour rendre notre terre plus humaine et plus fraternelle ne manquent pas. Alerter nos proches en fonction de nos points d’attention, rendre plus lucides nos contemporains sur tel ou tel changement qui ne va pas dans le sens de la vie collective fraternelle est notre devoir. Mais le message de Jésus va plus loin car il nous parle de Dieu.
Il nous demande en effet de prier en tout temps, de nous adresser à ce Dieu qui a fait alliance, qui a fait une promesse à un petit peuple, qui a envoyé le Fils de l’homme, son Fils, pour annoncer une autre vie possible. Jésus dans l’évangile en dessine les traits : un monde plus fraternel est possible, mais il faut le vouloir et s’y impliquer ; le pardon est possible mais c’est un acte d’amour ; la vie avec Dieu est possible mais il faut dire oui à sa main tendue. Plusieurs grandes pages comme les Béatitudes, la scène de la femme adultère, la rencontre avec Zachée, la grande prière de Jésus nous rappellent le message que Dieu nous adresse en permanence. Essayer de les vivre est notre vocation d’enfants de Dieu.
A quoi bon prier, cela ne change rien, pensent et disent beaucoup de gens. A quoi cela sert de dire à la personne aimée « je t’aime » ? A force de se taire, à force de croire que c’est acquis, le fil se perd et un jour le réveil est difficile. La prière est cette relation que j’établis avec Dieu. Jésus nous invite à prier non pour obtenir ce que nous voulons, mais pour nous mettre en communion avec le Père. Là, la vie se partage, s’échange, se transforme peu à peu. La prière nous marque.
Se tenir debout devant le fils de l’homme, devant le Christ ressuscité, c’est être là présent dans le dialogue de la prière et de la vie concrète. A partir d’une phrase comme : « Bienheureux les doux », se laisser interroger pour améliorer certaines de nos relations. « Qu’ils soient uns comme le père est moi nous sommes uns », prie Jésus. Il me renvoie à notre monde fracturé et divisé et à notre désir d’unité et de paix. « Va, vis autrement » dit-il à la femme adultère. Accueillons le message et pardonnons.
En ce début de l’Avent où nous commençons à penser à Noël, préparons-nous au changement car il est déjà venu, il est là présent aujourd’hui, il le sera encore demain, car Dieu nous aime. C’est la Bonne Nouvelle !
Père Jean COURTES