La joie de l’espérance ! – 6° dimanche C  – 16 février 2025

Fra Angélico

L’évangile d’aujourd’hui est moins connu que le texte des Béatitudes de saint Matthieu que nous lisons régulièrement à la Toussaint et dans des grandes circonstances. Ce texte de saint Luc est plus ramassé au niveau des Béatitudes et il est suivi de malédictions. Ce n’est pas la première fois que Jésus s’en prend aux riches. Rappelons-nous : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux » Luc 18, 25. Il en est de même pour ceux qui plastronnent, se mettent en avant et guettent les félicitations. Rappelons-nous : « Quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi comme les hypocrites, etc. » Mt 6, 1ss. Ces malédictions nous mettent mal à l’aise car nous pensons que notre Dieu est miséricordieux, qu’il pardonne et qu’il promet la vie éternelle à tous les hommes. Alors, comment faut-il entendre cette page d’évangile, comment l’interpréter aujourd’hui pour qu’elle soit une Bonne Nouvelle que Jésus nous annonce ? 

Dans la première partie du texte, les Béatitudes, il nous est affirmé que tous ceux qui souffrent maintenant sortiront un jour du tunnel. Ils ne sont pas condamnés à vie à avoir faim, à pleurer, à être exclus. Il y aura un basculement, un changement qui les fera sortir de leur état pour vivre normalement. La promesse n’est pas la richesse, car elle est condamnée parce qu’elle enferme, coupe et isole. Le riche n’a besoin de rien ni de personne. Il se contente de lui-même et il est malheureux dans son isolement car la vie se donne et se partage. Ceux qui pleurent aujourd’hui sortiront de leur malheur car ils trouveront sur leur chemin des hommes et des femmes qui les écouteront, les relèveront, les accompagneront vers la sortie de crise. Alors, ils retrouveront la joie et le sourire. Ceux qui sont exclus et rejetés à cause de leur foi au Christ ne sont pas condamnés à vie au rejet et à l’exclusion parce que Dieu est en relation avec eux. Ils ne sont pas seuls comme les pèlerins d’Emmaüs, car le Christ marche avec eux. 

Cet évangile nous invite à faire des choix : soit nous recherchons exclusivement la richesse et nous nous enfermons, ce qui conduit au malheur, soit nous acceptons de nous ouvrir aux autres et à Dieu parce que nous avons besoin de leur aide pour vivre. Or nous n’aimons pas dépendre d’autres personnes, même de Dieu. Nous voulons notre indépendance, notre liberté, faire notre vie tout seul et nous connaissons le résultat : la solitude. La vie heureuse est fraternelle, elle se donne et se partage. Elle attend toujours la venue de l’autre. Elle nous met sur le chemin de l’espérance. Cet évangile nous invite à l’ouverture. Dieu lui-même s’est ouvert par sa Parole et en donnant son Fils. Il s’est ouvert, donné, offert par amour pour partager sa vie avec l’humanité. Pour nous croyants, c’est une Bonne Nouvelle, car son amour attend d’être reconnu, accepté, accueilli. Il n’attend rien d’autre que d’entrer en communion avec nous. Nous avons le choix de dire oui ou non. Vivre avec lui c’est reconnaitre notre pauvreté, notre besoin d’un autre pour vivre et être heureux. Voilà notre espérance. Bienheureux si nous arrivons à la partager avec d’autres !

Père Jean COURTES

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