
Nous commençons le carême par ce texte des tentations que nous connaissons bien et qui nous engage au combat spirituel. La première met en avant l’épreuve du manque, autrement dit du manque de ce qu’il faut pour vivre, en définitive la peur de la mort. L’accumulation des biens ne donne ni la sécurité, ni la vie. L’avoir ne comble pas une vie humaine rappelle Jésus en citant le Deutéronome. La seconde tentation porte sur le pouvoir, la puissance. Pouvons-nous être plus fort que la mort ? Nous savons bien que non. Jésus cite une autre phrase du Deutéronome qui rappelle que seul Dieu est l’auteur de la vie. La troisième enfin veut mettre Dieu à l’épreuve. Si Jésus est le Fils de Dieu, il ne risque rien car son Père sera là pour le sauver. Le choix de Dieu n’est pas celui de la toute puissance, mais de l’alliance et de l’humanité.
Être fils de Dieu, c’est vivre debout. Être fils de Dieu, c’est faire des choix clairs, parfois difficiles, qui nous décentrent de nous-mêmes et de nos biens. Être fils de Dieu, c’est refuser une sécurité facile, immédiate en acceptant le risque de l’inconnu. Mais vivre en fils, filles de Dieu, c’est être guidés par l’Esprit de Dieu, c’est avoir la certitude d’être aimé, accompagné dans ce combat spirituel qui peut nous déstabiliser. En fait, la réponse définitive aux tentations, c’est d’entrer avec le Christ sur ce chemin de Pâques. Notre carême est un chantier de résurrection. Il est un acte de foi et d’espérance car nous savons que le Christ ressuscité est là à nos côtés et qu’il nous accompagne.
Nous sommes des pèlerins d’espérance. Nous savons, nous expérimentons tous les jours notre fragilité humaine. Les tentations loin de nous décourager, nous rappellent de quoi nous sommes pétris. Allons-nous végéter avec de fausses assurances ? Allons-nous croire que nous ferons reculer la mort avec quelques artifices ? Allons-nous minimiser les conséquences de nos non-choix ? Dans le fond nous savons où est la mort ou est la vie. Face aux tentations que nous avons, nous connaissons les vrais enjeux. Pour l’avoir expérimenté, nous comprenons mieux que la Parole de Dieu et en particulier l’évangile est un atout déterminant pour choisir la vie. Nous savons qu’en définitive, il ne s’agit pas pendant le carême de se priver de ceci ou de cela, mais de croire que Jésus est ressuscité et que le suivre nous fera passer par des morts avant notre mort définitive, pour naitre à une vie nouvelle en Dieu. L’enjeu est pour nous d’entrer sur ce chemin de Pâques, de faire corps avec le Christ ressuscité. Pour cela le combat spirituel va passer par ces phases parfois difficiles
Les tentations ne manquent pas pour nous éloigner du but. Sortons de notre sommeil et poussés par l’Esprit, avec la force de l’évangile avançons sur ce chemin de fidélité qui nous guide vers Pâques.
Père Jean COURTES