En ce dimanche des Rameaux, la liturgie nous fait lire la Passion de Jésus. Sans transition nous passons des acclamations « Hosanna au plus haut des cieux », au récit qui nous plonge dans le recueillement et la méditation. Devant la mort de quelqu’un, le temps s’arrête et le silence s’impose.
Il y a plus de 20 siècles à Jérusalem, pour les disciples c’est l’euphorie. Jésus a du succès, des hommes et des femmes l’écoutent, sont intéressés, intrigués par ses paroles qui réveillent. Oui, il parle de Dieu autrement. Oui, il dit que Dieu est notre Père. Oui, il annonce qu’avec lui s’accomplit le plan de Dieu. A la parole, il joint des actes : il opère des miracles, il s’affranchit de nombreuses règles religieuses, il touche des lépreux, mange avec des gens peu recommandables. C’est sûr, il correspond par certains côtés au Messie attendu. « Hosanna au plus haut des cieux ! » Aujourd’hui, nous chrétiens nous nous mêlons à la foule avec les mêmes cris de joie car sa Parole nous nourrit encore, sa vie nous ouvre un chemin d’espérance, la communauté qu’il a construite porte encore son message de paix et de fraternité. Avec tous les chrétiens du monde, nous sommes heureux de croire en lui, de reconnaitre en lui l’envoyé de Dieu, d’accueillir dans nos cœurs le Fils de Dieu.
Mais nous connaissons la suite. Les évènements s’enchaînent et pour les autorités religieuses, il faut que cet homme, qui se prend pour Dieu, se taise. Il faut faire vite avant que le mouvement prenne de l’ampleur, d’autant plus qu’il crée des incidents spectaculaires : il a renversé dans le Temple des tables de changeurs et mis dehors des vendeurs de colombes. Bref l’intolérable est atteint et la machine se met en route avec la traitrise, l’arrestation, un pseudo-procès et la mise à mort sur une croix. Le récit de la Passion est bouleversant. Dans sa sobriété il mêle le politique et le religieux, il questionne toujours sur sa culpabilité et pose la question : quel sens donner à cet évènement ? Nous sentons bien que nous ne pouvons pas rester indifférents, que nous sommes concernés encore puisque nous croyons en lui. Au pied de la croix, en silence, le vide se fait comme devant tout mort.
Nous commençons la Semaine Sainte par ce double sentiment de joie et de tristesse. Nous entrons nous aussi à Jérusalem pour acclamer Jésus, le Fils de Dieu qui ouvre le chemin, qui donne une direction, une espérance à tous ceux qui cherchent Dieu. Nous l’accompagnons à son dernier repas, au mont des oliviers et nous prions avec lui et pour lui. Pendant le procès, nous sommes là, attentifs, sans illusion puisque nous connaissons le verdict, mais nous voulons l’accompagner sur son chemin de croix. A l’heure de sa mort, nous voulons être présent comme à celle de tous ceux que nous aimons. Il nous quitte et nous voulons lui dire ADIEU. Nous sommes tous Marie et Jean au pied de la croix.
Alors dans le silence qui suit, nous entrons dans cette attente du Samedi Saint qui va voir se lever le matin de Pâques.
Bonne semaine sainte à tous
Père Jean COURTES