Lettre à un ami curieux et sceptique – 2° dimanche de Pâques – 2025

Caravage

Cher ami, 

L’évangile de ce dimanche m’invite à t’écrire, car sous les traits de Thomas, je te retrouve. Rappelle-toi, nous en avons déjà parlé, c’est ce disciple de Jésus qui était absent quand il s’est montré pour la première fois. Les autres lui racontent qu’ils ont vu Jésus ressuscité, vivant. Bien sûr, il ne veut pas les croire : on n’a jamais vu un mort revenir à la vie ! Alors il demande des preuves.

Thomas, c’est toi, c’est moi parfois, c’est tous ceux qui doutent de la réalité de la résurrection. La chose parait impossible, incroyable et l’estime que nous portons aux disciples de Jésus ne suffit pas pour constituer une preuve. Je connais notre amitié et je sais que sur ce point elle n’a pas changé grand-chose à tes interrogations et à ton scepticisme. Je comprends et je trouve normal, légitime que tu veuilles des preuves de la résurrection de Jésus. Foi et raison ne sont pas incompatibles, peuvent se concilier et je crois que ma foi au Christ n’est ni aveugle, ni naïve et qu’elle est un peu réfléchie. 

Je ne t’apporterai pas de preuves de la résurrection de Jésus. S’il y en avait, depuis 2000 ans d’autres les auraient déjà énoncées. Par contre, je vais te redire les signes qui me poussent à croire. A toi de les interpréter. D’abord tu connais et tu vis notre amitié depuis de nombreuses années et sur elle, as-tu des preuves ? Tu m’en donnes des signes lors de nos rencontres, par tes coups de fil, tes messages, etc. Ils me font croire à notre lien fort, solide, qui nous remplit de joie toi et moi. Chaque fois, nous posons un acte de foi.

Les disciples de Jésus n’apportent pas de preuves de sa résurrection. Ils en décrivent des signes, ils relatent des rencontres, ils font le lien entre ce qu’ils vivaient avant sa mort et ce qu’ils vivent avec lui après sa résurrection. Je te rappelle qu’aucun ne l’a reconnu d’emblée, c’est Jésus lui-même qui va, par un geste, une parole les mettre sur la piste. Marie-Madeleine le prend pour le jardinier, il l’appelle par son prénom, elle le reconnait. Pierre et ses compagnons reviennent bredouille de la pêche, un inconnu leur indique un endroit foisonnant de poissons. Ils en prennent 153, c’est le signe qui leur ouvre les yeux, l’esprit et le cœur. Mr et Mme Cléophas sur la route d’Emmaüs vont le reconnaitre le soir au partage du repas. 

Mes signes à moi, tu le sais sont la Bible, surtout les évangiles et les croyants. Plus je lis la Parole de Dieu, plus je la trouve actuelle, vivante. Toutes les paraboles de Jésus nous questionnent sur l’essentiel : que faisons-nous de notre vie ? quelles sont nos priorités ? au fond que cherchons-nous. Les rencontres qui nous sont racontées sont intenses, pleines de fraternité, de compassion et d’ouverture à la vie. Oui, je m’y retrouve, je m’en nourris. Cette Parole est vivante pour moi aujourd’hui et elle me porte. Elle rend le Christ présent, vivant.

Tu le sais aussi, d’autres comme moi, y croient. Ils forment ce peuple de disciples, de croyants, qui font la même expérience, avec bien sûr des nuances en fonction des pays, des mentalités, des histoires personnelles et collectives, etc. Pour moi, leur foi au Christ ressuscité est un signe important. Je ne suis pas tout seul, je ne suis pas un rêveur, un illuminé. Nous sommes unis dans cette foi en lui, dans ce « Je crois », choisi librement qui est essentiel à notre vie à tous. 

Je comprends que tes questions et tes doutes ne soient pas levée par ma réponse. C’est comme en amitié, en amour, pas de preuves formelles qui emporteraient l’adhésion, mais quelques signes de mon attachement à ce Jésus qui a vécu il y a plus de 2000 ans, qui a marqué des millions de personnes à travers le temps et qui me marque aujourd’hui, m’aide à vivre et qui fait ce que je suis. Notre amitié en porte des traces. Je sais que tu le sais.

A bientôt

Je t’embrasse

Jean

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