Les textes de ce dimanche nous proposent de réfléchir sur la croix. Instrument de supplice, les chrétiens en ont fait un signe de ralliement, un signe du don de soi, un signe d’espérance. Avec Jésus, la croix est associée à la résurrection : il donne sa vie sur la croix, il l’offre à Dieu son Père pour le salut de l’humanité. Telle est notre foi que Paul résume dans ce superbe passage de sa lettre aux Philippiens.
Dans cet hymne, Paul ressaisit en quelques phrases le pourquoi de l’Incarnation et de la Résurrection. Jésus, lui le Fils de Dieu n’est pas resté dans le sein du Père, il est venu dans notre humanité pour la transformer, pour la relier définitivement avec Dieu, pour qu’elle oriente sa vie vers le bien et la fraternité. Noël ou nativité de Dieu parmi nous est voulue par ce Dieu qui fait alliance par amour. Noël ne s’explique que par la Résurrection. Noël se déploie dans toute la vie de Jésus et qui nous révèle cette attention, cet amour de Dieu pour tous, en particulier pour les blessés de la vie, ceux qui portent des croix dures.
Dieu n’est pas resté enfermé dans son ciel, comme dit la chanson, il est venu parmi nous en Jésus, pour nous arracher à la mort et au néant. Face à l’atrocité de la croix, Pâques est la réponse de Dieu. Il ne veut pas laisser son Fils cloué sur la croix, il ne peut le laisser mort sur les genoux de Marie, alors il le ressuscite, il le reprend avec lui dans sa gloire pour toujours. Mystère de l’amour qui est plus fort que la mort. Devant le Christ en croix, mort où est ta victoire ? écrira saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens.
Si Paul, reprenant la figure du serviteur souffrant d’Isaïe, nous invite à regarder la croix de Jésus à la lumière de la résurrection, c’est pour nous dire que le parcours de tout chrétien est celui du Christ. Dans la lettre aux Philippiens, il se prend comme exemple : lui qui vient du judaïsme, qui a été mis à terre par la révélation du Christ, lui qui a prêché l’évangile, qui a créé de nombreuses communautés, lui qui a mené jusqu’au bout le bon combat, le voilà prisonnier en route vers Rome pour être jugé. Le chrétien est celui qui accepte d’être abaissé, humilié, maltraité à cause de sa foi. Tout chrétien connait au long de sa vie, ces choix difficiles qui vont le mettre en retrait, en marge, mal compris des autres et dans certains pays aujourd’hui persécutés. Le chemin du Christ est celui de l’abaissement dans la confiance que l’amour du Père le relèvera pour lui faire partager son amour et sa gloire. Pour cela nous pouvons contempler la croix glorieuse.
Père Jean COURTES