C’est en faisant le signe de croix, au nom du Père et du Fils et du saint Esprit, que souvent nous commençons et concluons une prière et que nous recevons la bénédiction de Dieu. Ce geste, cette formule se sont très vite imposés dans la pratique des chrétiens, car la croix est le signe ultime de Jésus qui donne sa vie pour tous et la formule veut rappeler qui est le Dieu des chrétiens. Dans les évangiles, en particulier dans celui de Jean, Jésus insiste sur son unicité avec Dieu qu’il appelle son Père. Il y a entre eux une communauté de vie, une communion basée sur l’amour : « Mon Père et moi nous sommes un ». Jésus révèle aux hommes le cœur de Dieu et ses paroles disent et redisent ce lien d’alliance et d’amour que les lie à l’humanité.
L’approche du départ de Jésus, de son arrestation et de sa mort sur la croix, le pousse à donner à ses disciples l’Esprit. Il sera leur « Paraclet », leur avocat pour attester que leur parole vient de Dieu, pour les défendre en cas de conflits, pour leur donner l’audace d’aller toujours plus avant dans leur mission. Il sera « l’Esprit de vérité », c’est-à-dire qu’il révèlera la vérité de Dieu, ce qu’il est vraiment et son lien avec l’humanité. Il sera la nouvelle présence de Dieu, Jésus une fois parti. Lui aussi, il est de Dieu et il est donné à tous les hommes.
La théologie tente de rendre compte de ce mystère d’un Dieu qui se fait homme et qui se donne pour toujours dans l’Esprit saint. Avec ses mots, elle explicite cette formule « Au nom du Père et du Fils et du saint Esprit ». Elle renvoie à ce qu’est Dieu au fond et à ce qui le fait vivre : l’amour de tout être. Elle nous rappelle le moyen qu’il a choisi pour le dire : l’alliance. Elle nous invite surtout à l’accueillir et à la vivre.
La première invitation de la Trinité est de vivre la communion. D’abord avec ce Dieu-amour qui se donne et qui nous donne la paix, la joie, la confiance et qui nous fait entre dans son intimité. Il nous invite aussi à vivre entre nous la communion dans l’amour et la fraternité. Nous savons par expérience le bonheur et la joie qui en résulte et nous savons aussi la difficulté à la vivre au jour le jour.
La deuxième invitation de la Trinité est l’ouverture. Dieu ne peut être enfermé en lui-même. Il n’est Dieu qu’ouvert, donné, parlant, agissant auprès des hommes. Toute l’histoire sainte l’atteste. Dès le début du monde, il parle ! Grâce à l’Esprit, il nous envoie à notre tour parler à ceux qui nous entourent et que nous rencontrons, pour dire de lui, de la beauté du monde, de la vie et de l’amour. Il fait de nous des messagers de la Bonne Nouvelle et il nous soutient dans cette aventure difficile et merveilleuse.
La troisième invitation de la Trinité est de continuer à creuser le secret de Dieu. Nous n’aurons jamais fini de comprendre car nous ne pouvons tout saisir de Dieu, comme de tout être, en une seule fois et de manière définitive. Dieu est amour et comme tout amour il se révèle en vivant avec lui au jour le jour et chaque jour nous en révèle une nouvelle facette, nous en fait percevoir une nouvelle dimension.
Au 15° siècle, une moine russe Andreï ROUBLEV écrit des icônes et il veut représenter la Trinité. Il le fait en représentant les trois visiteurs d’Abraham sous le chêne de Mambré. Il les représente tous les trois assis autour d’une table sur laquelle une coupe est posée. Ils sont tous les trois semblables, auréolés d’or, le bâton de pèlerin à ma main. Leur main nous invite à participer au repas que Dieu nous offre. A nous d’y répondre.
Fête de la Trinité, fête de Dieu, fête de l’amour de Dieu qui se donne !
Père Jean COURTES