La parabole que raconte saint Luc est comme une pièce de théâtre bien enlevée, contrastée, en deux actes. D’un côté un homme riche, qui vit comme un roi enfermé dans le luxe et son monde et de l’autre, un pauvre qui n’a pour seul bien son nom Lazare c’est-à-dire « Dieu aide ». Il vit l’enfer sur terre !
Dans le second acte tout change et c’est la situation inversée, le riche est en enfer et le pauvre accueilli dans le cœur même de Dieu. La morale de cette histoire serait-elle de nous prévenir des effets d’enfermements des richesses si nous voulons vivre la communion avec Dieu ? Sûrement, mais pas seulement.
Oui, la richesse isole, enferme et coupe des autres. Elle classe les gens dans des catégories, des groupes, elle exclut ceux qui ne peuvent pas suivre. Nous le constatons souvent. Jésus revient régulièrement sur ce thème. Rappelons-nous son dialogue avec le jeune homme riche : « va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, viens et suis-moi » (Marc 10, 21). Un peu plus loin, il dit : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans la Royaume de Dieu ». La richesse rend aveugle et enferme dans un égoïsme difficile à combattre. Notre Dieu est celui de la rencontre, il fait alliance avec un peuple, il vient au cœur de l’humanité en Jésus. Dans l’évangile, nous le voyons s’arrêter auprès de tous, qu’ils soient riches ou pauvres, religieux ou pas, pêcheurs ou vertueux, pour dialoguer et inviter au partage. Notre Dieu est en lui-même communion d’amour Père, Fils et Esprit. Il appelle chacun et tous à participer à leur vie divine. Mais pour cela, il faut écouter Moïse et les prophètes.
Nous sommes là au cœur du message de cette parabole. Écouter Moïse et les prophètes, c’est prendre le chemin qui mène à Dieu, c’est écouter la voix du Seigneur, c’est déjà partager un peu de sa vie. Moïse proclame les tables de la Loi, rassemble le peuple et le conduit vers la Terre promise. Les prophètes sont ces hérauts, ces annonceurs de la présence de Dieu dans les bons et les mauvais jours. Ils soutiennent la foi, fortifient l’espérance et rappellent la fraternité envers tous. Pour nous chrétiens, c’est toute la bible, Ancien et Nouveau Testament qui nous ouvre le chemin vers Dieu.
Écouter la Parole de Dieu empêche la fermeture, ouvre au prochain, rend sensible à la vie de chacun et de tous. Écouter la Parole de Dieu, c’est recevoir la vie d’un autre, c’est entrer dans une interaction avec lui, c’est s’initier à la communion. Écouter la Parole de Dieu, c’est accueillir son invitation au dialogue et à entrer dans sa vie. Pour cela il faut arriver à une certaine pauvreté de soi, il faut se débarrasser de tout ce qui nous enferme et nous aveugle.
La finale de la parabole nous invite à méditer sur la résurrection de Jésus. Impossible d’y croire si nous n’écoutons pas la Parole de Dieu. Elle seule peut nous faire entrer dans la logique de l’amour de Dieu qui ne peut laisser son Fils dans la mort. Sa place est dans l’éternité de la gloire de Dieu. C’est là que se trouve Lazare dans le récit ; c’est là que nous sommes attendus. Alors laissons la Parole de Dieu nous guider au quotidien pour voir en chacun de nos frères et sœurs le visage du Christ. C’est le chemin du ciel !
Père Jean COURTES