Sur la route d’Emmaüs, Mr et Mme Cléophas parlent des derniers évènements qui les préoccupent. Et nous, aujourd’hui, de quoi parlons-nous ? Les sujets qui nous touchent ne manquent pas : notre société fracturée, l’inflation, la violence, la guerre en Ukraine, etc. Cette semaine, j’ai reçu une femme qui prépare sa mort et ses obsèques. Atteinte d’un cancer qui récidive, elle m’a partagée ses préoccupations et ses questions. La mort ne lui fait pas peur, souffrir en revanche oui. Le plus dur me dit-elle ce n’est pas d’ignorer ce qu’il y aura après, mais de quitter mes enfants, mes petits-enfants, mon mari. « J’ai du mal à envisager cette séparation. »
Comme à Emmaüs, nous sommes partis de notre rencontre avec Dieu et le Christ. Tous les deux, nous croyons que Dieu a fait alliance avec l’humanité, qu’il nous parle en Jésus, qu’il nous aime et qu’il le manifeste en donnant sa vie pour nous sur la croix. Nous croyons aussi qu’il est vivant en nous, autour de nous et qu’il se manifeste à travers tout geste d’amour et de fraternité. Pour nous, croyants, chrétiens, notre vie d’amour et d’amitié est le terreau de la rencontre avec Dieu. Christ est ressuscité, c’est-à-dire il est vivant parce que l’amour de Dieu est plus fort que TOUT, même de la mort.
Comme à Emmaüs, nous avons parlé, échangé sur l’après-mort. Désir de percer ce mystère, de ne pas être abandonné au néant, désir d’exister encore aux yeux de quelqu’un. Comment Dieu pourrait-il abander son Fils à la mort ? ses enfants, que nous sommes aussi ? Nous faisons tous l’expérience que l’amour traverse la mort. Nous pensons et nous continuons à vivre avec ceux qui nous aimons et qui nous ont quittés. Présents dans notre mémoire et dans notre cœur, ils continuent à nous accompagner, à dialoguer avec nous, à être présents dans nos vies. Cette expérience nous approche de celle de la résurrection en Christ : nous croyons que Dieu nous aime et nous fait vivre dans et par son amour éternellement.
En amour, aucune certitude, tout est foi en l’autre et espérance. Pour nous, croire que le Christ est ressuscité, c’est faire confiance en cette puissance de l’amour de Dieu pour lui. Pour nous, croire à notre résurrection c’est croire qu’il nous aime comme ses enfants et qu’il ne peut nous laisser dans la mort, puisque nous sommes en communion avec lui. Un enfant dit à son père : « Papa je ne t’aime pas » et celui-ci de répondre : « cela ne m’empêche pas de t’aimer. » Aimer, être aimé est au cœur de notre foi en la résurrection de Christ et de la nôtre.
Comme à Emmaüs, la mort nous questionne et nous trouble, mais le Christ nous appelle à une espérance inouïe : nous sommes aimés de Dieu aujourd’hui, demain et jusqu’à la fin des temps. Alléluia !
Père Jean COURTES