L’évangile de ce dimanche est difficile. Il est la troisième partie du chapitre 3 de saint Jean qui nous apporte la rencontre de Jésus avec Nicodème. Derrière lui, ce sont tous les responsables religieux juifs qui s’interrogent sur le Christ. Qui est-il ? D’où lui vient cette parole et cette autorité ? Dans un premier temps, Jésus lui annonce une nouvelle naissance, une vie nouvelle. Puis, il lui dit sa proximité avec Dieu, il vient du ciel pour lui révéler un secret. Enfin celui-ci est l’amour infini du Père pour l’humanité. Cet amour donne la vie et pour l’obtenir, il faut croire au Fils qu’il est.
L’image du serpent de bronze peut nous compliquer la compréhension du message de Jésus. Il faut se rappeler que dans le désert, le peuple de Dieu a manqué de nourriture, d’eau et s’est trouvé fragilisé par les morsures de serpents. A chaque fois, le peuple s’est tourné vers Moïse pour qu’il intervienne auprès de Dieu. Celui-ci a donné la manne, l’eau du rocher et le serpent de bronze : quand quelqu’un était mordu par un serpent, il suffisait qu’il se tourne vers le serpent de bronze que Moïse tenait au bout de son bâton, pour qu’il soit sauvé. Pour l’évangéliste Jean le parallèle est fort : Jésus sur la croix est comme le serpent de bronze. Si nous nous tournons vers lui, si nous le regardons avec foi et espérance, nous serons sauvés.
La Bonne Nouvelle de ce passage est inscrite dans le texte : Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son fils, non pour le juger, mais pour lui donner la vie éternelle. Quelle est-elle ? Celle d’être fils, fille de Dieu de ce Père qui nous aime tant. Autrement dit, cette vie éternelle est communion dans l’amour du Père et du Fils, elle se reçoit, se partage, elle se vit avec Dieu et avec les autres. La vie éternelle n’est pas notre vie après la mort, après un temps de purification, mais notre vie ici et maintenant. Elle est notre vie de foi, notre vie de chrétien dans ce monde avec ses temps forts et ses faiblesses. Oui, Dieu n’a pas envoyé son Fils pour nous juger, mais pour nous apporter à domicile cette communion avec lui. Regarder le Christ en croix, c’est croire que ce Fils nous ouvre le cœur de Dieu, nous fait entrer de plein pied dans l’amour de Dieu. Regarder le Christ en croix, c’est compatir avec l’homme blessé, c’est croire que Dieu est là présent dans cette humanité brisée par la guerre, la faim, l’isolement, et qu’il la sauve de la mort. Ce chemin de communion est celui de Pâques, c’est le chemin de Dieu, c’est celui du carême.
Père Jean COURTES