Le récit du premier libre des Rois qui nous raconte le dialogue entre la veuve de Sarepta et Elie ressemble à un conte de fées. Au bout de la vie, à son extrémité, partager fait vivre éternellement : « jarre de farine ne s’épuisera pas, vase d’huile ne se videra pas ». Jésus, assis dans le Temple, le lieu de Dieu, regarde ceux qui mettent de l’argent dans le tronc. Il loue une pauvre veuve qui a mis deux piécettes et qui a pris sur son nécessaire. La leçon pour tous est claire !
Notre rapport à l’argent n’est pas simple. Ceux qui en ont beaucoup peuvent être généreux, ce qui n’est pas toujours le cas. Ceux qui n’en n’ont pas beaucoup donnent souvent avec parcimonie, mais cela leur coûte toujours. Mais quel est notre nécessaire ? Pas facile de répondre à cette question, car certains peuvent se contenter de presque rien alors que d’autres auront besoin de beaucoup plus. A chacun de répondre en vérité à la question. Pour Jésus, c’est en donnant tout que la vie nait, c’est en partageant avec les autres que la vie se donne, c’est en s’oubliant que l’on existe. La veuve de Sarepta n’a plus rien, mais elle a pitié d’Elie qui a soif et faim. Instinctivement elle consent à partager le peu qui lui reste avec le prophète et le miracle se produit : la vie, la vraie s’ouvre. C’est en donnant de son nécessaire, de ce qui nous est vital, qu’une nouvelle vie est donnée. C’’est l’enseignement de Jésus à ses disciples. Sa parole, ses multiples rencontres, sa mort sur la croix donnent la vie, la vie de Dieu que nous appelons la vie éternelle.
Bien plus, Jésus assis dans le Temple, par sa remarque sur le geste de la veuve nous affirme que le lieu de Dieu n’est plus le Temple, mais la femme, l’homme. C’est avec eux qu’il faut partager, c’est en leur donnant que l’on reçoit la vie, c’est par ce geste du don total que l’on est comblé soi-même. Nous le savons par expérience par et dans nos relations amoureuses et amicales. L’amour est don ou il n’est pas, il est partage ou il n’existe pas, il est oubli de soi où nous sommes comblés au-delà de nos attentes.
Pour nous chrétiens, qui croyons que Dieu nous aime et qu’il se donne en Jésus, cette page d’évangile toute simple nous invite à la réflexion et peut-être à quelques changements dans nos vies et pratiques. Pour nous, le lieu de Dieu est-il l’autre ? Pour nous, est-ce vraiment essentiel de donner à l’autre de nous-même, de ce qui nous est essentiel ? Et nous le savons il n’y a pas que l’argent ! Pour nous le partage est-il le moteur de notre vie ? Sommes-nous persuadés que Dieu est au cœur de notre humanité fragile, pauvre, instable ? Autant de questions, de remises en cause parce petit geste de deux piécettes de cette veuve. Où est notre richesse ? Où est la vie que Dieu nous donne ? En l’autre assurément répond l’évangile. Voilà une Bonne Nouvelle.
Père Jean COURTES