Voici un texte d’évangile à plusieurs entrées de lecture. C’est une parabole, une histoire que Jésus raconte pour faire réfléchir les grands prêtres et les anciens, donc les responsables de la Loi et de son application. Jésus parle de deux fils : nous sommes en famille et si le père est la figure de Dieu, nous pouvons comprendre que nous sommes ses enfants. Voilà une bonne nouvelle ! mais appartenir à une famille entraine des obligations : « va travailler aujourd’hui à la vigne ». La maison n’est pas un hôtel ! A chacun de prendre sa part pour que la vie familiale soit possible et heureuse pour tous. Nous connaissons la chanson ! Enfants de Dieu, nous sommes invités à aller dans le monde porter notre témoignage. L’appel est direct et pressant, c’est aujourd’hui, tout de suite.
La deuxième entrée est de vivre avec nos contradictions. Les deux fils en sont une belle illustration : l’un dit non et y va quand même, l’autre dit oui et n’y va pas. Il y a le dire et le faire et nous savons bien que nous n’arrivons pas toujours à tenir les deux. L’essentiel est de ne pas faire peser sur les autres ce que nous ne pouvons pas ou voulons pas porter. Pour prendre un exemple facile, je ne vais pas vous proposer un rosaire par jour alors que je m’en dispense volontiers. Reconnaissons nos contradictions et n’imposons pas aux autres ce que nous ne voulons pas vivre.
La troisième entrée est celle de la foi en Dieu. En effet, il propose à ses enfants d’écouter sa parole et de la vivre. Dans cet évangile, ce qui disent non d’abord sont les publicains et les prostituées, mais ils reconnaissent que leur vie n’est pas conforme à la Loi, à ce que Dieu attend. A leur façon, ils croient en Dieu. Ceux qui disent oui et qui n’y vont pas, sont les grands prêtres et les anciens. Le propos de Jésus est polémique et il enfonce le clou : vous faites peser sur le peuple des contraintes que vous ne vous imposez pas. Ils n’ont pas reconnu Jean le Baptiste comme prophète et ils l’ont laissé assassiné par Hérode. Ils sont loin du Royaume de Dieu. Aujourd’hui, croyons-nous que Dieu est notre Père, que Jésus est son Fils, qu’il est venu réalisé son alliance parmi nous, qu’il est mort et ressuscité et qu’il nous entraine dans la communion de Dieu ? Relisons la profession de foi de Paul aux Philippiens qui est la seconde lecture de ce dimanche. Est-ce notre credo ? Est-ce l’évangile et la vie du Christ qui guide notre vie ?
La quatrième entrée nous pose la question : qui est vraiment chrétien ? Est-ce vous, moi qui pratiquons l’évangile, faisons partie d’une communauté de chrétiens et essayons tant bien que mal de pratiquer au jour le jour l’amour fraternel ? Est-ce ceux qui ne vont jamais dans nos communautés mais dont la conduite est réglée par le respect de l’autre, la justice, la bienveillance et la fraternité ? La question est ouverte est permanente. Bien sûr que nous avons envie de répondre les deux. Pourquoi les opposer ? Pourtant cette semaine, le pape François a interpellé les pays chrétiens de la vieille Europe sur le problème des migrants. Comment réagissons-nous ? Celui qui tente sa chance pour mieux vivre chez nous ou sauver sa peau, est-il un enfant de Dieu, et un frère pour moi, pour nous tous ? Être chrétien aujourd’hui en 2023, est-ce possible sans prendre parti face à ce drame de l’humanité. A Marseille, le pape François a été clair. Et nous ?
Père Jean COURTES