Homélie de la fête de la Trinité

C’est la fête de la Sainte Trinité. On en parle moins que de Pâques ou de la Pentecôte. Evidemment pour cette fête il n’y a pas de pont !

Et puis nous avons, en ce moment, sans parler des élections de ce dimanche et du tour de France qui approche, d’autres préoccupations que la Trinité.

Le covid requiert toute notre vigilance, la guerre en Ukraine n’en finit pas, l’inflation va croissante, le réchauffement climatique donne des signes alarmants, les migrations restent préoccupantes. Sans parler de ce qui touche chacun…  

Derrière cette situation où nous sommes, se profile à demi-mot une question à laquelle nous ne pouvons échapper : Quel avenir pour notre planète, notre monde, nous-mêmes ?

Notre humanité serait-elle à la dérive sur cette petite boule qu’on appelle la Terre ?

Il y a longtemps les humains croyaient que la Terre était le centre de tout. Copernic nous a dit que non. Aujourd’hui c’est l’homme qui se croit le maître de tout. Est-ce si sûr que cela sûr que cela même si la gestion de ce monde lui est confiée ?

Alors le désir profond de vie qui nous habite, notre être-ensemble, seraient-ils une illusion, un trompe-l’œil, un cache-misère ?   

On comprend que les gens s’interrogent et nous interrogent s’ils savent que nous sommes chrétiens : où est-il ton Dieu ? Qui est-il ? que fait-il ? Il est bien silencieux devant tout ce qui arrive et nous arrive. ?

Et voilà que nous sommes réunis pour fêter la Sainte Trinité. Dieu Trinité !

Cela mériterait de se poser des questions :  

  • Qu’évoque pour moi le mystère de la Trinité de Dieu
  • De quelle personne de la Trinité est-ce que je me sens le plus proche ? Pourquoi ?
  • Concrètement, qu’est-ce que cela change dans ma foi, dans ma vie, que Dieu soit Père, Fils et Esprit ?

Pour ma part je crois que la Trinité n’est pas une réalité périphérique, secondaire, une matière à option de notre foi. Quelque chose de facultatif. C’est le  cœur de la foi chrétienne. Notre foi n’est pas n’importe quelle croyance.

Dieu n’est pas un grand horloger qui fait tout, arrange tout à notre place. Ni non plus un général d’armée à qui on obéit au doigt et à l’œil.

Le mot de Trinité, pour désigner Dieu, a été inventé par les conciles des premiers temps de l’Église pour dire qui est Dieu pour les chrétiens. Le mot n’est pas dans les évangiles mais la réalité de la Trinité, est bien présente dans la ma vie et le message de Jésus : Dieu Père, Fils et Esprit. Dieu Trinité Sainte.

A ce mystère de la Trinité j’y reviens, personnellement, toujours par deux portes d’entrée : la première mystique, spirituelle, la seconde politique (ça tombe bien aujourd’hui avec les élections !).  

1 – Une dimension mystique, spirituelle tout d’abord. Adrienne von Speyr, une grande spirituelle polonaise disait : « prier c’est entrer dans la conversation de Dieu avec Dieu. » Voilà une belle manière de parler de la Trinité et aussi de la prière. En Dieu, ils se parlent. On peut se mêler à leur conversation.

2 – La Trinité a aussi une dimension politique. Un philosophe chrétien, Claude Bruaire, disait ceci à ce sujet : « que Dieu soit Trinité n’est pas sans conséquences sur notre vision du monde et nos comportements. En bref si Dieu est communion de personnes, dans l’amour, cela exclue de nos choix tous les totalitarismes, la volonté de puissance, de domination et d’exclusion, de destruction de l’autre.   

Au cœur même de ce Dieu Trinité il y a une profonde bienveillance qui unit les trois personnes et à notre égard. Nous sommes invités à la partager, à en faire le fil conducteur de notre vie en ce monde.     

Le pape François a dit de belles choses à ce sujet dans une lettre « Fratelli tutti ».

« La personne bienveillante, dit-il, aide les autres pour que leur vie soit plus supportable, surtout quand elles ploient sous le poids des problèmes, des urgences, des angoisses.

La bienveillance, c’est le miracle d’une personne aimable qui laisse de côté ses anxiétés et ses urgences pour prêter attention, pour offrir un sourire, pour dire une parole qui stimule, pour rendre possible un espace d’écoute au milieu de tant d’indifférence. 

« Cultiver la bienveillance, conclut-il, n’est pas un détail mineur ni une attitude superficielle. Elle transfigure profondément le mode de vie, les relations sociales et la façon de débattre et de confronter ses idées lorsqu’elle devient culture dans une « société. »

 Oui Nous sommes invités à faire nôtre dans nos relations humaines, en Église, cette bienveillance qui est au cœur même des relations divines de la sainte Trinité.

Alors nous pouvons en cette fête de notre Dieu, qui est Trinité d’amour, faire nôtre cette belle prière du Pape François : 

« Seigneur et Père de l’humanité,

Toi qui a créé tous les êtres humains avec la même dignité

Insuffle en nos cœur un esprit de frères et sœurs.

Inspire-nous un rêve de rencontre, de dialogue, de justice et de paix.

Aide-nous à créer des sociétés plus saines et un monde plus digne

Sans faim, sans pauvreté, sans violence, sans guerre.

Que notre cœur s’ouvre à tous les peuples et nations de la terre,

Pour reconnaitre le bien et la beauté que tu as semés en chacun

Pour forger des liens d’unité, des projets communs, des espérances partagées

Par Jésus notre Seigneur. Amen ! »

Père Édouard Bois, à ND de la Sagesse en la fête de la Sainte Trinité (22.06.12)

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