Cet évangile de la Transfiguration est impressionnant et pour nous intéressant. Jésus choisit trois disciples et il les entraine sur une montagne. Il sort du quotidien, des habitudes, des soucis ordinaires, des rencontres habituelles, du train-train quotidien. Ils prennent de la hauteur, là où la vie est plus dégagée, où la vue est meilleure, où l’ouïe est plus attentive. Pour reconnaitre en Jésus, le Fils de Dieu, il va nous falloir aussi sortir du quotidien, prendre un temps d’arrêt pour voir et écouter ce que Dieu dit de lui. Bienheureux moment de carême qui nous entraine sur ce chemin montagneux, avec ses lacets, ses passages difficiles mais aussi son sommet espéré : la joie de Pâques.
Pour les trois disciples, une vision, une fulgurance, une expérience hors du commun où Jésus leur apparait autre. Il est transfiguré : c’est bien lui, mais autrement et ils aperçoivent le cœur, qui il est vraiment. Moment exceptionnel, fugace, que Pierre a envie de faire durer, car cette vision lui fait du bien avant de l’effrayer. Il propose trois tentes pour saisir l’instant, mais une autre tente les couvre tous, celle de Dieu, du Père qui leur révèle de sa voix qui est vraiment Jésus, le Fils de Dieu.
Il nous arrive à nous aussi de vivre ces moments exceptionnels de révélations. Il nous arrive de saisir tout d’un coup, ce qu’est vraiment, dans le fond, l’autre. Il nous arrive aussi d’être pris sous la tente de l’intimité d’un être cher et là de saisir au fond de l’insaisissable. C’est un moment merveilleux, magique de compréhension, de connaissance de l’autre, de communion avec lui, avec son histoire, avec son destin.
Le message est clair : écoutez-le ! pour les disciples c’est une confirmation que Jésus est vraiment le Messie attendu, qu’il dit la Parole de Dieu et comme dira saint Jean qu’il est le Verbe même de Dieu. Ils comprennent que Jésus fait un passage, celui de l’Ancienne Alliance représentée par Moïse et Elie, à une nouvelle qu’il réalise pour tous les hommes. Pour cela il faudra que Dieu le ressuscite d’entre les morts. Là, ils doutent, ils se posent des questions nous dit l’évangile de Marc, car ils ne savent pas trop ce que cela veut dire.
Plus de 20 siècles plus tard, le savons-nous ? Peut-être que comme eux, nous sommes en interrogation et en chemin ? De retour au quotidien, il nous faut vivre marqués par nos expériences spirituelles, amoureuses et humaines et les questions ne manquent pas. Il reste pour nous chrétiens cette affirmation qui vient de Dieu : « Il est le Fils de Dieu » et cette injonction : « Ecoutez-le ! » Poursuivre la route avec lui, c’est continuer à vivre de cette relation, c’est entrer plus avant dans l’intimité de cet homme Jésus, Fils de Dieu qui nous ouvre un chemin de communion avec son Père, Dieu. Ne cherchons pas à y rester, elle ne peut durer que quelques instants parce que notre communion avec lui ne nous coupe pas de la vie du monde et des autres. Bien au contraire, elle nous y renvoie. Sommes-nous les mêmes ? Non, car nous restons marqués, transfigurés par la rencontre du Christ Fils de Dieu, comme nous le sommes toujours par nos expériences fortes d’amour et de communion avec d’autres.
Père Jean COURTES