La légende merveilleuse des rois mages ne nous intrigue plus et pourtant quel trou noir sur ce qui s’est passé à la crèche quand ils sont arrivés. Heureusement qu’un confrère m’a transmis la vraie tradition, qu’il tient lui-même d’un confrère, qu’il tient lui-même d’un autre, etc., le premier bien sûr étant un berger présent à cette époque. Imaginez l’enfant a quelques jours et Melchior, l’européen, ouvre son sac pour lui offrir de l’or. C’est midi, un rayon de soleil illumine le lingot, Jésus est aveuglé et se met à crier si fort que Marie le prend dans ses bras pour le calmer. Rien n’y fait jusqu’à ce que Melchior se retire avec son lingot. Rentre alors Gaspard avec son turban indien et son récipient plein d’encens en fumée. Rapidement on ne voit plus rien, l’âne et le bœuf beuglent, Jésus se met à tousser, à tousser à tel point que Joseph se précipite et le sort de la crèche pour qu’ils retrouvent leur respiration. Gaspard se retire et Marie aère l’étable ! Balthasar l’africain se présente alors avec de la myrrhe. C’est une huile essentielle, utilisée à l’époque pour embaumer les morts. Il parait que Marie a piqué une colère noire ! Elle renvoya Balthasar en lui disant qu’elle allait tout faire pour préserver son fils de la mort. Vous comprenez alors pourquoi tous les trois partirent par un autre chemin !
Cette légende des mages telle que je vous la raconte est une Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui. En effet, Melchior a provoqué chez Jésus une aversion pour la richesse, et plus tard, il aura des mots clairs et durs : « Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et l’argent », « Il sera plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. » Pour vivre avec Jésus, il faut se dépouiller ! Notre Église de France en prend le chemin.
Gaspard avec son encens a permis à Jésus de se méfier de la piété. Plus tard, il dira : « Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites qui aiment faire leurs prières dans les synagogues et dans les rues. Toi quand tu pries, entre dans ta chambre et prie ton Père qui est là dans le secret. » Pour vivre avec Jésus, il faut créer cette relation personnelle et intime avec lui et son Père et se méfier des intermédiaires. Trop de piété tue la foi ! Notre Église a encore du chemin à faire.
Balthasar c’était trompé d’époque. Heureusement la myrrhe se récolte en permanence. Marie Madeleine et ses compagnes s’en munissent le matin de Pâques pour embaumer le corps de Jésus. Miracle de l’absence, elle le découvre vivant autrement et le ressuscité dit à Marie : « Va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. » Balthasar annonçait déjà à sa naissance que Jésus, le Fils de Dieu devait mourir et ressusciter. Pour vivre avec Jésus, il faut entre sur ce chemin de Pâques, qui est chemin d’abandon, de confiance, de mort et de vie. Notre Église le rappelle souvent.
C’est bien le message de l’Épiphanie pour tous, car comme les mages, nous sommes invités à poursuivre notre vie sur ce chemin de dépouillement, de confiance et de fraternité avec le Christ et avec les autres.
Père Jean COURTES