Dans l’évangile de Jean, ce passage se situe après les Rameaux et au moment de la Pâque juive. Le ton est grave, Jésus sait qu’il va mourir, il est angoissé, il soufre. Sa mort a-t-elle un sens ? A quoi va-t-elle servir ? Quel fruit peut-elle donner ? Dans le Temple, les sacrifices d’animaux exprimaient la foi et la prière des juifs. Jésus en offrant sa vie va glorifier Dieu, va manifester sa foi, son attachement, son lien intime et inaltérable avec lui, mais quelle signification, quel résultat pour les disciples ?
Pour l’évangéliste Jean, la mort de Jésus va produire beaucoup de fruits, comme un grain de blé tombé en terre donne naissance à beaucoup. La parabole est accentuée par la mention des Grecs : Jésus va donner la vie non seulement au peuple de l’Alliance, mais à toute l’humanité. Et Dieu va lui manifester son attachement en le glorifiant non seulement au moment de sa mort mais toujours : sa gloire sera éternelle. Par lui, avec lui et en lui, l’humanité entière reçoit cet éclat, cette lumière de la vie de Dieu. Elle est à jamais sauvée, c’est-à-dire, dans cette relation d’alliance et d’amour qui donne sens et qui la maintient en vie en permanence.
Nous sentons bien que Jésus rejoint en cet instant tous ceux qui pressentent leur mort arriver et qui s’y préparent. Pour ceux d’entre nous qui ont été proches d’eux en ce moment si particulier, ils témoignent d’une libération, d’une exaltation, comme d’une intensité redoublée de vie. Souvent, ils donnent les clés pour comprendre leur histoire, ce qu’ils ont essayé de vivre, ce qui les a fait vivre. Ces moments sont souvent lumineux, heureux, apaisants.
La Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui est d’accueillir le sacrifice que Jésus va vivre sur la croix. Il le fait pour glorifier son Père, c’est-à-dire, par amour pour lui et pour manifester qu’il est Dieu. Il le fait aussi pour donner sens à sa vie, sûr que Dieu manifestera sa gloire en manifestant à toute l’humanité qu’il est son fils et qu’il ouvre la porte de la vie divine à tous. Pour nous, accueillir ce don de Jésus dans la foi, nous recueillir devant cette croix qui fait parfois peur, croire qu’il est le Fils qui nous ouvre à la vie du Père, c’est avancer plus avant sur le chemin de la foi au Christ et sur le chemin du carême qui amène à Pâques.
Père Jean COURTES