Elle est représentée dans l’art chrétien par l’or. Toutes les icônes sont écrites sur fond d’or et de nombreux chœurs d’église sont ornés d’une gloire, c’est-à-dire d’une œuvre dorée qui veut exprimer la gloire de Dieu. Dans l’évangile de Jean, l’expression revient souvent, en particulier dans la dernière prière de Jésus (ch 17) : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils… » Comme dans le passage d’aujourd’hui, il associe la gloire et l’amour. Jésus et ses disciples sont à l’heure du passage, c’est le dernier repas, c’est le moment où le présent va devenir absence et où le futur est promesse. Pourtant, le Fils de l’homme, Jésus lui-même a glorifié Dieu et Dieu le glorifiera à l’avenir. Que leur laisse-t-il pour le retrouver ? Un commandement nouveau : s’aimer les uns les autres.
Saint Irénée disait la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. A partir de ce texte nous pourrions dire c’est l’homme aimant. C’est Jésus aimant Dieu son Père et les hommes jusqu’au don total de sa vie ; c’est Jésus annonçant et vivant que l’amour est plus fort que la mort ; c’est Jésus ouvrant le chemin de Pâques à tous. Si nous essayons de vivre ce commandement de Jésus, nous sommes avec lui et nous sommes glorifiés en lui. Chaque fois que nous nous aimons les uns les autres à la manière de Jésus, nous sommes en communion avec lui, nous glorifions Dieu et il nous glorifie.
La gloire est toujours donnée, reçue. Elle est comme la vie, l’amour, la joie. Dans l’évangile, c’est Dieu qui glorifie Jésus et c’est ce dernier qui glorifie le Père. Aujourd’hui, peut-être que nous prendrions un autre terme pour affirmer que Jésus nous révèle le Père, nous met en communion, nous fait découvrir son amour et sa présence. Peut-être que nous ne représentons plus la gloire de Dieu avec de l’or et de la puissance, mais nous restons attachés à l’expression de ce Dieu d’amour dont Jésus nous révèle la présence. La gloire de Dieu est au cœur de l’homme, elle est en lui, elle est cet amour divin gravé en lui et nous en apercevons de temps en temps des signes. Mère Térésa, Sr Emmanuelle, l’abbé Pierre, Charles de Foucault et tant d’autres expriment la gloire de Dieu par leur vie d’amour donnée.
La mission de l’Église est d’annoncer cette gloire, cette présence et cet amour. Elle le fait chaque fois qu’elle rappelle ce commandement nouveau de l’amour ; elle le fait aussi chaque fois qu’elle agit pour la paix ; elle le fait chaque fois qu’elle aide notre humanité à sortir de la pauvreté et de la misère. Elle le fait également chaque fois qu’elle vit elle-même en son sein le « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » de Jésus. A nous d’essayer d’être des disciples et de manifester au monde cet amour fraternel, universel, qui rend gloire à Dieu.
Père Jean COURTES