La loi de l’amour !  6° dimanche A  12 février 2023

Quel étrange discours dans cet évangile de Matthieu ! On dirait que Jésus met en concurrence la Loi de Moïse et sa Parole. « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens…eh bien moi je vous dis ». Sa parole n’annule pas, ne modifie pas la Loi, au contraire, elle semble l’amplifier, être plus exigeante. En effet, non seulement le meurtre est condamné, mais la colère devient violence à supprimer ; non seulement l’adultère est condamné, mais le regard de convoitise devient un acte prédateur ; non seulement le serment doit être respecté, mais il ne devient plus nécessaire quand la confiance existe dans la parole donnée. La Loi de Moïse régit la vie en société, la nouvelle loi de Jésus veut préserver les personnes. Elle est basée sur le respect, la vie, l’amour. Alors, son propos n’est-il pas excessif, car enfin se mettre en colère contre quelqu’un n’est pas un meurtre ? Oui, bien sûr, mais il y a tellement de manières de tuer quelqu’un. Nous en faisons l’expérience, il existe d’autres formes que l’élimination physique, qui font aussi mal et qui aboutissent au même résultat. Ne pas se mettre en colère, c’est regarder l’autre comme quelqu’un avec qui parler pour régler un conflit. Ne pas regarder l’autre avec convoitise, c’est le considérer comme une personne libre et non un objet. Respecter la parole de l’autre, c’est le considérer comme son égal. La nouvelle loi de Jésus est exigeante car elle est basée sur l’idée que toute personne est un enfant de Dieu, que tous nous sommes faits pour la vie et l’amour. La nouvelle loi de Jésus vise le bonheur de chacun et de tous. Jésus la prononce dans la foulée des Béatitudes. C’est la même pensée : bienheureux êtes-vous si vous respectez l’autre, si vous le considérez comme une personne à part entière, si vous pouvez parler avec elle en toute confiance.

En méditant ces paroles de Jésus, nous pouvons les entendre comme des chemins de vie fraternelle. L’accueil de tous est difficile, souvent compliqué, surtout quand nous nous sentons à l’opposé de ce qu’ils pensent et vivent. Pourtant, l’autre est toujours un frère, une sœur, à accueillir, à écouter, à respecter. Vouloir son bien, l’aimer sans contrepartie, le laisser être pleinement lui-même, sont les formes multiples de l’amour fraternel. Celui-ci est au cœur de l’évangile, dont la source est l’amour de Dieu pour chacun et pour tous.

Nous pouvons aussi méditer cette nouvelle loi de Jésus pour la vie en Eglise. Certes, elle ne condamne plus à mort aujourd’hui, mais n’élimine-t-elle pas un certain nombre de personnes qui ne vivent pas selon ses critères ? Sa parole fait-elle grandir ? Indique-t-elle des chemins de vie ? Même si la réponse est globalement positive, notre Eglise doit toujours évoluer pour s’adapter au monde d’aujourd’hui afin que sa parole soit entendue et comprise. Or, l’Eglise, c’est nous !

Père Jean COURTES

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