Quand nous lisons cet évangile de Matthieu, nous sommes frappés par la radicalité des propos de Jésus. Il connait la Loi, cœur de sa religion, il en connait les interprétations successives pour des applications particulières en fonction des personnes, des évènements et des moments et il affiche sa propre lecture, qu’il veut référentielle pour ses disciples et ses contemporains. Il ne propose pas de changer la Loi de Moïse, mais de la vivre pleinement car elle a été donnée par Dieu pour la vie de l’homme et du peuple. Jésus s’oppose donc aux différentes interprétations qui en adoucissent l’application, comme par exemple pour le divorce. Et, non seulement il fait référence à la Loi pour le meurtre, mais il en rajoute, par exemple quand il dit que l’insulte est une violence faite à l’autre. Il va même plus loin, puisqu’il affirme que l’adultère est interdit, mais que le regard de convoitise est une violence au lien conjugal. Dans tous les cas qu’il prend, il s’agit de la relation au prochain, donc de son respect et du vivre ensemble qui sont à la racine de la Loi. Avec son « moi, je vous dis », il se pose en maître de la Loi.
Peut-être avons-nous du mal avec les commandements, que ce soit ceux de Dieu ou de l’Eglise pour les plus anciens. Aujourd’hui, nous préférons les oublier pour ne garder que les deux plus importants que Jésus nous rappelle dans l’évangile : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force et ton prochain comme toi-même » et « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».Ils sont au cœur de sa révélation et il nous les donne comme commandements, guides pour notre vie. Et nous savons par expérience qu’ils ne sont pas faciles à suivre et à vivre au quotidien. Bien sûr que la loi est importante pour le vivre ensemble, mais elle est insuffisante pour la fraternité. Jésus prêche l’amour, celui de Dieu et celui du prochain, ils sont inséparables et tout leur est rattaché.
A nous de réentendre la parole de Jésus, à nous d’essayer de vivre ce commandement de manière concrète avec nos proches, en chaque circonstance particulière, sans trouver des circonstances atténuantes. A nous d’aller le plus loin possible dans le don de l’amour et de la vie. Alors nous serons sur le chemin du Royaume.
Père Jean COURTES