La résurrection de Lazare 5° dimanche de carême 29 mars 2020

Rupnik, s.j

Ce récit de la résurrection de Lazare nous touche tous en ce temps de pandémie. Il nous parle de la maladie et de la mort. Il met en lumière le désarroi et la peine des proches. Il affirme que « le Christ est la Résurrection et la vie et que celui qui croit en lui, quand bien même il serait mort, vivra ». Alors que la liste de ceux qui sont touchés par le covid-19 s’allonge, alors que ceux qui perdent un être cher sont confrontés à des enterrements réduits  en personnes pouvant y participer et à l’absence de gestes de soutien et de réconfort, alors que nous prions Dieu de nous éviter le pire, comment entendre l’évangile de ce dimanche comme une bonne nouvelle ? Nombreuses sont les pistes possibles, je n’en retiendrai que trois qui me parlent plus aujourd’hui.

D’abord, Jésus nous révèle que Dieu est avec nous au cœur des épreuves de la vie. Lui, le Fils de Dieu, pleure son ami Lazare, va à la rencontre de ses sœurs pour les soutenir et les accompagner dans cette phase difficile du deuil. Il a avec elles un dialogue plein d’espérance et de foi. Avec lui, Dieu s’est fait l’un d’entre nous et il partage notre vie de la naissance à la mort. Comme nous, il est touché, ému par la maladie et la mort, il compatit, souffre avec ceux qui souffrent et nous indique le chemin de l’accompagnement. A l’heure du confinement, nous faisons cette expérience vitale de nous relier, de prendre soin les uns des autres, de nous soutenir par les moyens que nous avons . Puissions-nous accentuer encore dans les semaines qui viennent ces relations fraternelles qui donnent la vie. C’est évangélique !

Ensuite, arrêtons-nous une seconde sur les paroles de Jésus à Marthe et Marie. « Je suis, dit-il, la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, vivra quand bien même il serait mort. » En d’autres termes, Jésus affirme qu’il y a une autre vie avec lui au delà de la mort. Rappelons nous que Jean écrit 70 à 80 ans après la mort de Jésus et que les chrétiens font l’expérience de la présence du Ressuscité au sein de leur communauté et de leur vie personnelle. Pour les disciples, croire que le Christ est vivant, c’est affirmer qu’il est le passage vers Dieu et qu’il nous fait entrer dans cette dynamique de la vie où la mort est dépassée, traversée par l’amour que Dieu nous porte. Par ces paroles, Jean annonce la Bonne Nouvelle de Pâques.

Enfin, il y a ce miracle du réveil de Lazare, comme peut-être l’espérons-nous pour telle ou telle personne proche de nous. Il se produit par ce cri de Jésus : « Viens dehors ». La vie  ne se trouve pas dans la mort, elle est hors du tombeau et il nous faut délier les attaches qui empêchent de vivre vraiment. Aujourd’hui, entendons le Christ nous dire à chacun de sortir de nos divisions suicidaires, de nos égoïsmes mortifères, de nos aveuglements répétés. Entendons le cri de Jésus : viens dehors. Laissons-nous délier pour vivre plus libres dans cette vie qu’il nous propose et qui ne s’arrête pas à la mort car elle est tissée, animée par l’Amour. C’est le chemin de Pâques, qu’il nous a ouvert. Continuons de le prendre.

Telle et notre foi et notre espérance.
Père Jean COURTES

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