caravage
Vous connaissez tous ce beau texte par cœur et même vous le connaissez trop peut-être pour vous en étonner encore. Je vous propose trois points d’attention pour que cette rencontre entre Jésus et cette femme soit pour nous aujourd’hui une bonne nouvelle.
Le premier est le lieu, la Samarie. C’est la région des mal-croyants, de ceux qui ont fait leur religion avec des morceaux pris dans d’autres religions, de ceux qui, venus d’ailleurs, gens de l’immigration, ne sont pas intégrés au peuple juif. Ils sont et se situent en dehors. D’où l’étonnement de cette femme quand Jésus lui adresse la parole, comme d’ailleurs des disciples quand ils reviennent avec leur caddie plein.
Le second est le puits et sa margelle. Dans le désert, il est à la fois le point d’eau et le point de rencontre. Les hommes et les femmes viennent chercher à boire, mais aussi faire des rencontres, entendre des nouvelles. Lieu social, le puits est un lieu de vie. Jésus et cette femme se rencontrent là, parlent, échangent, partagent sur leurs besoins et leurs vies. L’eau et la parole se mêlent et ces deux essentiels de l’existence prennent des dimensions profondément humaines et spirituelles. La femme se sent écoutée, rejointe, interrogée sur le cœur de sa vie. La parole de Jésus devient de l’eau vive, celle que Dieu donne, celle que tout croyant vient chercher dans la prière et la célébration, au Temple de Jérusalem ou sur le mont Garizim.
Le dernier point est cette femme qui devient missionnaire parce qu’elle s’est sentie écoutée, comprise, éclairée par des paroles qui sonnaient justes par leur bienveillance et leur lien avec Dieu. Elle raconte ce qui s’est passé pour elle, comment la parole de Jésus la rejointe et l’interrogation qu’elle a fait naitre : « ne serait-ce pas le Messie » ? Et plus tard, d’autres Samaritains vont dire que c’est grâce au témoignage de cette femme, qu’ils croient que Jésus est le Christ.
Les Samaritains pour nous sont peut-être tous ces marginaux de la foi, ces croyants sceptiques et curieux, ces croyants qui ont du mal avec la pratique de la foi parce qu’ils ne sont pas dans les « clous » de l’Eglise à cause de leur situation conjugale et leur choix de vie. Ces périphériques nous en rencontrons. Parlons-nous avec eux ? Abordons-nous les questions radicales de la vie, de l’amour, de la fraternité, de la mort, de Dieu, etc. ? Quelles paroles de vie échangeons-nous ? Quelles références avec la Parole de Dieu, avec l’évangile et comment nous la croisons-nous avec notre histoire singulière ? En ce temps de carême, le partage de l’évangile à plusieurs donne des couleurs à notre chemin vers Pâques. Le parcours des catéchumènes qui se préparent au baptême, nous éblouie et nous permet à notre tour d’annoncer ce que nous voyons, ce que nous entendons, cette eau vive qui nous pousse à l’espérance. Donne-nous Seigneur de cette eau que nous n’ayons plus soif !
Père Jean COURTES