La voie de la réconciliation   4° dimanche de carême  30 mars 2025

Rembrandt

Beaucoup d’entre nous, quand ils entendent ou lisent la parabole du père et ses deux fils, s’identifient au cadet. En effet, par certains côtés nous pouvons lui ressembler : nous croyons en Dieu, nous connaissons son amour et son alliance, nous essayons de le suivre sur le chemin de l’évangile, mais nous connaissons nos chutes, nos failles et notre péché. Alors, conscients de ce que nous sommes et de ce que Dieu attend de nous, nous revenons vers lui par la prière et les sacrements.

Mais à y regarder de plus près ne sommes-nous pas très souvent comme l’ainé de la parabole ? Nous sommes croyons depuis toujours, nous sommes plus ou moins fidèles à la messe dominicale, mais nous faisons ce que nous pouvons, l’évangile est notre livre de référence, la prière au cœur de nos préoccupations et l’amour du prochain notre pain quotidien. Ce carême nous le suivons le mieux possible et souvent nous trouvons que la vie chrétienne est plus faite de renoncements que de joies. Nous comprenons la réaction de l’ainé. Il a toujours été là ; fidèle, et le père semble trouver cela normal. Où est l’équité ? Pourquoi le pécheur est-il mieux traité que le juste ? Quelle est la logique de Dieu ?

Le troisième personnage de la parabole est le père. Essayons de nous mettre à sa place. A priori il aime de la même façon ses deux fils et il ne fait pas de différence entre eux. Le cadet veut partir, vivre sa vie, soit, qu’il parte, il ne l’aime pas moins. Il est sûrement peiné de sa décision, mais elle n’altère pas le lien qu’il a avec son fils, il restera toujours son fils. Alors bien sûr, son retour est comme une résurrection : « il était mort et il est revenu à la vie ». Rien ne compte plus désormais que l’avenir, la nouvelle vie qui s’ouvre. Heureux du retour du cadet il est malheureux de la réaction de son ainé. Il comprend sa colère mai il ne peut se résoudre à la rupture, c’est pourquoi il sort pour lui redire son amour et la force de ce qui les unit : « toi, mon enfant tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi ». Il l’invite à faire comme lui, à se réjouir du retour à la maison, à la vie, à la communion de son frère qui s’était perdu. Il l’invite au pardon et à la réconciliation.

Donner son pardon, c‘est sortir de soi-même, de la jalousie, de la rancœur, de tout ce qui pourrit la vie. Donner son pardon, c’est choisir de traverser cette zone de malheur qui nous afflige pour retrouver un apaisement, une sérénité, une joie de vivre. Donner son pardon, c’est suivre le chemin du Christ sur la croix qui n’en veut à personne et fait confiance à l’amour de son Père : « Père en tes mains, je remets mon esprit ». Le pardon vécu en nous ouvre à la réconciliation. Le cadet en prenant conscience de son malheur, en se rappelant l’amour de son père, fait le chemin du pardon, il va pouvoir vivre la réconciliation. Le père y est prêt depuis longtemps et il attend le moment favorable où elle sera possible. L’ainé de la parabole doit pardonner d’abord. Il doit se pacifier pour retrouver la communion avec son père. Il doit sortir du ressentiment, du jugement et de la condamnation avant de pouvoir serrer la main de son frère.

Difficile réconciliation, nécessaire car les conflits qui minent nos vies, entrainent toujours vers du malheur. Difficile réconciliation car elle demande que nous sortions du « donnant-donnant » pour laisser parler notre cœur. Difficile réconciliation car elle fait appel à notre amour à donner quoi qu’il en coûte concrètement. Quel bonheur retrouvé, quelle joie profonde quand nous la vivons. Nous sommes alors au matin de Pâques car nous expérimentons que l’amour est plus fort que la mort et pour nous, chrétiens, que l’Esprit de Dieu nous accompagne sur ce chemin de l’Alléluia. Puissions-nous le vivre toujours !

Père Jean COURTES

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