
Pour nous annoncer que Jésus est le Fils de Dieu, Matthieu fait le récit d’une annonciation à Joseph, bien différente de celle de Luc à Marie. En effet, il décrit le dilemme tragique dans lequel Joseph se trouve : il sait que l’enfant que Marie attend n’est pas de lui, soit il la répudie publiquement et ce sera le déshonneur pour Marie et sa famille, l’enfant à naître étant un bâtard, soit il rompt discrètement et laisse Marie épouser le père de l’enfant. Comme Joseph était un juste, il choisit la seconde solution. La nuit portant conseil, quand il se réveille une troisième solution s’impose : prendre Marie tout de suite chez lui, autrement dit avancer le mariage. Dans un songe, un ange le visite pour lui expliquer que l’enfant que Marie attend est aussi l’œuvre de l’Esprit de Dieu. En acceptant, lui fils de David, il inscrira Jésus dans cette lignée et il lui donnera le nom de Jésus, c’est-à-dire « Dieu sauve ».
Pour comprendre cet évangile, il faut lire l’histoire de Jésus à partir de sa résurrection. C’est en effet à ce moment et à ce moment-là seulement que Jésus est reconnu pleinement Fils de Dieu. Les premières communautés chrétiennes relisent la vie de Jésus avec cet éclairage : celui que nous avons entendu, suivi, que nous avons vu condamné à mort et mourir sur une croix, il est vivant parce que Dieu n’a pas voulu que son Fils reste dans la mort et le néant. Si Jésus est reconnu comme Fils de Dieu à sa résurrection, il l’est aussi dès sa conception. D’où ces deux annonciations.
Pour nous aujourd’hui, cette annonciation à Joseph nous rappelle ce pourquoi Jésus, Fils de Dieu est né : pour sauver les hommes de leurs péchés. Alors que le Messie attendu par tout le peuple était l’homme providentiel qui rétablirait Israël dans sa puissance politique, économique, religieuse, celui qui est annoncé à Joseph est tout autre : un enfant qui sauvera le peuple de ses péchés. Autrement il sera un chef spirituel, un guide vers Dieu, un homme qui montrera à chacun et à tous le chemin pour vivre en communion avec Dieu.
A quelques jours de Noël, il est bon de nous rappeler le but de l’Incarnation : Dieu vient chez nous, au milieu de nous pour nous sauver de nos péchés, c’est-à-dire pour nous sortir de notre égoïsme personnel et collectif, pour nous ouvrir à cette dimension de la communion dans la fraternité, l’entraide et l’amour. Le Dieu qui né à Noël est un Dieu qui a besoin de nous pour faire entendre cette voie de l’amour. Le Dieu qui né à Noël ne changera pas notre vie sans nous, mais avec nous. Le Dieu qui né à Noël est un Dieu qui fait confiance aux hommes pour l’accueillir et changer la face de la terre. En ce temps de Noël puissions-nous réentendre cet appel de Dieu qui nous demande d’accueillir encore une fois son fils, non pour nous extasier devant le nouveau-né, mais pour écouter et recevoir cette parole de vie qui vient de Dieu et qui a la pouvoir de transformer nos vies et celle du monde avec notre participation active.
Dieu vient, accueillons-le !
Père Jean COURTES