Il nous a semblé que le fil rouge des textes d’aujourd’hui était en lien avec l’actualité religieuse de ce jour, à savoir le jour des ordinations, le jour où les jeunes prêtres s’engagent, le jour où ils répondent officiellement à l’appel de Dieu. L’Appel.
car le 29 juin est la fête de Saint Pierre et Saint Paul, les deux piliers de l’Eglise et c’est la fête des prêtres.
Pierre était galiléen, pêcheur installé à Capharnaüm au bord du lac de Tibériade. Paul était un juif de la diaspora, de Tarse en Asie Mineure. Tous deux ont vu leur vie bouleversée par l’irruption d’un homme qui leur dit : « Suis-moi. Tu t’appelleras Pierre » ou « Saul, pourquoi me persécutes-tu ? ». L’un, Simon devenu Pierre, laisse ses filets et son foyer pour le suivre. L’autre, Saul, persécuteur des premiers chrétiens, foudroyé par la lumière du Christ sur le chemin de Damas, devient Paul et se met à la disposition des apôtres.
Nous avons choisi d’aborder deux thèmes :
- C’est quoi répondre à l’Appel ?
- Raconter l’expérience d’un prêtre, le père Charles de Foucault.
- C’est quoi répondre à l’Appel ?
Dans la 1ère lecture et la seconde partie de l’Evangile, les histoires qui nous sont racontées sont assez similaires.
Plusieurs hommes sont interpelés : Elysée par Elie, trois personnages par Jésus.
Dans chaque situation, l’appel à suivre Dieu doit être répondu sans délai, sans s’attacher aux rites humains.
Dire au-revoir à ses parents, Elie a une réponse stricte : « Va-t’en, retourne là-bas ! ».
Face à la demande de l’homme qui veut suivre le Christ d’aller d’abord enterrer son père, Jésus lui répond « laisse les morts enterrer les morts. Toi pars ».
A celui qui veut faire ses adieux à sa famille, la réponse est cinglante : Quiconque regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
Pourtant les demandes sont semblent pleines de bon sens et d’humanité.
Alors que veulent dire ces textes ?
L’Appel est un moment où Dieu nous demande de se situer, de définir les vraies priorités, d’évaluer là où est l’essentiel.
Et Paul nous le rappelle dans sa lettre aux Galates : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Répondre à l’appel requiert un abandon, un débarrassement, un dépouillement des habitudes qui nous encombrent, et nous détournent de l’essence même de notre humanité, sans se cacher derrière des prétextes, des mauvaises raisons à laquelle nous sommes soumis, nous sommes esclaves comme le dit Saint Paul.
N’oublions pas le contexte de l’époque. Nos frères juifs sont guidés par une Loi très contraignante, et sans doute encombrante et égo-centrée.
Jésus veut dire de ne pas s’alourdir de protocoles pour être pleinement disponible à son message et que nous ne pouvons pas attendre. Ce message nous oblige à le vivre là maintenant, car le monde en a besoin.
Libérons-nous du matérialisme, du confort excessif, de la tendance à se replier sur soi, du rythme de vie qui coupe les liens intergénérationnels.
Répondre à l’appel, c’est le service aux autres, l’attention aux plus faibles, aux plus fragiles. Rien d’autre n’est plus important et plus urgent dans nos vies.
L’Appel est un appel que Dieu fait entendre à l’homme, un appel adressé à la conscience la plus profonde de l’individu et bouleversant son existence. Tous les appels sont personnels, ils rejoignent l’homme la où il en est avec ses interrogations, ses peurs, ses faiblesses, sa générosité, ses influences extérieures, sa joie de vivre.
Mais Dieu sait attendre.
Canonisé le 15 mai de cette année, il nous a semblé intéressant de reprendre quelques éléments du cheminement de Frère Charles de Foucauld, plus simplement Frère Charles de Jésus.
Charles de Foucauld est nait à Strasbourg en 1858. A 6 ans il devient orphelin de père et de mère.
Son adolescence est difficile, il perd la foi et s’enfonce dans une vie de jouissance.
A 22 ans, officier, il est envoyé en Algérie. Deux ans plu tard en 1883 il quitte l’armée et entreprend une exploration au Maroc.
Le témoignage de la foi musulmane réveille en lui une question « Dieu existerait il ? »
Une rencontre déterminante avec un prêtre l’abbé Huvelin qui va l’accompagner durant toute sa vie, va l’entrainer sur un nouveau chemin et il se convertit en 1886 à 28 ans.
Un pèlerinage en Terre Sainte lui révèle le visage de Jésus de Nazareth qu’il va désormais suivre et imiter.
Il passe 7 ans à la trappe de Notre Dame des Neiges, puis 4 ans à Nazareth, comme domestique des Clarisses.
Progressivement il découvre que suivre Jésus, l’aimer passionnément, c’est se faire proche de ceux qui sont loin, des plus abandonnés.
En 1901 il est ordonné prêtre et part au Sahara à Beni Abbès puis à Tamanrasset essayant d’être l’ami et le frère des nomades du désert.
Il apprend leur langue, traduit les Saintes Evangiles en langue touarègue (qui sera leur premier livre), élabore un dictionnaire…. s’initie à leur culture.
Il ne cherche pas à convertir mais à AIMER. C’est par toute sa vie qu’il veut « Crier l’Evangile ».
Frère Charles de Jésus a suscité ces dernières années un regain d’intérêt. S’il est frappant de constater qu’il n’a pas eu de disciple durant sa vie, après sa mort son influence ne s’est jamais éteinte. Ils sont nombreux : prêtres, religieux, laïques, de tous milieux et de toutes races qui ont trouvé auprès de frère Charles de Jésus la grâce d’un renouvellement spirituel.
Toute sa vie a été un acte d’amour. Il écrit : « aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui ».
Il a été un authentique témoin de l’évangile, d’amour de l’eucharistie, de la fraternité humble et amicale à l’égard de tous et spécialement des plus abandonnés. Il n’a pas choisi la notoriété il préfère « la dernière place » dans une vie de foi et de charité.
« C’est en aimant les hommes qu’on apprend à aimer Dieu » dit-il.
« On fait du bien, non dans la mesure de ce qu’on dit et de ce qu’on fait, mais dans la mesure de ce qu’on est ». C’est cette qualité d’être qui est efficace.
Le premier décembre 1916, durant la première guerre mondiale, il meurt au Hoggar, assassiné pour avoir voulu rester jusqu’au bout au milieu de ses amis.
Comme on peut l’observer la vie de Frère Charles n’a pas été, passez moi l’expression, un long fleuve tranquille. Il a ressenti son appel comme une exigence de radicalité pour l’amour de ce Jésus de Nazareth.
« Mon Père je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira » écrira-t-il dans sa prière d’abandon ».
Puisse Frère Charles nous entrainer ou nous ré entraîner vers ce Jésus d’Amour avec humilité, fraternité et voir en tout homme un frère, un enfant de Dieu.
Lionel, Odile et François