L’attente active ! – 3° dimanche de l’Avent A – 14 décembre 2025

Giovani di Paolo

Jean le Baptiste est en prison et s’il a rédigé un journal sur sa détention, il s’est perdu et nous n’en avons plus de trace. Il entend des rumeurs sur Jésus. Il attend depuis toujours le Messie celui qui va redonner à son peuple le pouvoir sous toutes ses formes. Est-ce que son cousin serait celui-là ? Prisonnier politique, redouté d’Hérode pour son franc parler et son aura auprès du peuple qui le considère comme un prophète, il est aux aguets, car il sait lui qu’il n’est pas le Messie. Il envoie deux proches pour interroger Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » C’est la question fondamentale, cruciale, au cœur de sa foi et de son espérance. 

La réponse de Jésus doit le déconcerter car il n’attendait pas que les aveugles retrouvent la        vue, que les boiteux marchent, que les morts ressuscitent ; il attendait l’homme providentiel envoyé par Dieu pour chasser les Romains, redonner au peuple sa liberté et restaurer la religion juive. Jésus se situe sur un autre terrain, il ne prend pas partie pour un mouvement politique et révolutionnaire comme celui des Zélotes. Il prêche le Royaume de cieux aux marginaux, aux blessés de la vie, aux rejetés de la société. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Et nous qu’attendons-nous aujourd’hui pour nous et pour notre monde ? Attendons-nous des choses ou une personne providentielle qui viendrait apaiser nos peurs et remettre un peu d’ordre logique dans la vie du monde ? Attendons-nous cette paix dont tout le monde parle et qui n’arrive pas faute de volonté et de consensus ? Attendons-nous plus égoïstement une âme sœur pour nous apporter un peu plus de chaleur humaine et de sécurité intérieure ? Qu’attendons-nous au fond ? 

Chrétiens en cet Avent nous attendons la venue de Dieu en Jésus, mais il est déjà venu et nous n’avons pas envie de mimer comme si l’évènement se passait aujourd’hui. Certes les belles crèches nous plaisent et nous rappellent notre enfance, mais nous savons que l’enjeu est ailleurs au cœur de notre foi. Dieu est-il présent, actif dans notre monde, peut-il changer le cœur des hommes et le cours du temps ? La réponse de Jésus à Jean le Baptiste est double : non, Dieu n’enverra pas d’homme providentiel qui en son nom changerait les rapports de force et établirait un nouvel ordre mondial qui serait supposé convenir à tout le monde. Oui, Dieu a envoyé quelqu’un, un enfant nommé Jésus, qu’il reconnait comme son Fils et qui va nous dire qu’avec lui nous pouvons changer la face du monde. Voilà la Bonne Nouvelle !

Cette Bonne Nouvelle, cet évangile est adressé à chacun d’entre nous et à notre Église. A chacun Jésus adresse son message d’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », cela changera votre vie. Et nous pouvons l’attester. A notre Église, il adresse le même message d’amour : que tes membres vivent comme la fraternité, que tous ceux qui se réclament de la même foi ne « fassent plus qu’un », que tous les petits, les faibles, les blessés de la vie soient accueillis et reconnus, etc. Pour ce faire Dieu a besoin de nous, c’est le message de Noël.

Père Jean COURTES

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