L’aveugle guéri 4° dimanche de carême 22 mars 2020

Rupnik s.j

Cet évangile de l’aveugle né et guéri développe l’affirmation du Prologue : « Le Verbe était la lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme » (Jn 1, 9). Saint Jean met en scène la rencontre de Jésus avec cet homme enfermé dans la nuit depuis sa naissance. L’opposition cécité physique et aveuglement spirituel parcourt tout le texte. Les interrogatoires répétés des pharisiens de l’aveugle ou de sa famille annoncent aussi le procès de Jésus. Enfin, le dialogue final nous amène à l’acte de foi : croyons-nous en Jésus, Fils de Dieu ?  A chacun de poursuivre sa méditation à partir de ces pistes et de bien d’autres que le texte nous offre.

Aujourd’hui, en ce moment si particulier, je voudrais continuer en essayant de croiser cet évangile et ce que nous vivons tous depuis quelques jours. Pour nous, chrétiens, Jésus est là au cœur de nos vies et de celle du monde. Il vient à notre rencontre et nous propose un chemin de vie.

Laissons-le d’abord, nous ouvrir les yeux sur nos vies personnelles et collectives.  Le confinement dû aux évènements comme l’évangile nous questionnent sur l’essentiel : où sont nos priorités ? comment désencombrer nos vies ? comment revenir aux fondamentaux ? Jusqu’à ces jours-ci plusieurs d’entre nous manquaient de temps et avaient des rythmes un peu fous. Aujourd’hui, que faisons-nous de cette retraite imposée ? Faisons le tri entre le superflu et le vital, et prenons comme critères ceux de l’évangile. Pour moi, l’amour et la fraternité sont les deux socles de toute vie, comme nous l’affirme saint Jean au chapitre 15 « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », ainsi que Paul dans le célèbre passage de sa lettre aux Corinthiens au chapitre 13 : « J’aurai beau parler toutes les langues de la terre et des anges, si je n’ai pas l’amour je ne suis rien. Etc. » Je me dis comme Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».

Ensuite, nous prenons conscience que nous sommes une communauté humaine, mondiale, solidaire et que notre vie dépend les uns des autres. Dans l’évangile, Jésus non seulement guérit cet homme, mais le réintègre dans la vie sociale. Souvent, il relève, remet en lien, redonne la vie à ceux que les circonstances avaient marginalisés. Nous, ses disciples, nous expérimentons aujourd’hui plus qu’hier que la vie relationnelle est une composante essentielle et que nous devons y contribuer. Beaucoup d’entre nous ont déjà mis en place des réseaux de contacts plus forts, pour que dans chaque famille personne ne soit oublié et isolé. Regardons autour de nous, voisins, personnes seules, etc., un petit signe redonne le moral et remet dans la vie.

Enfin, la foi au Christ ressuscité devient espérance en ce temps difficile. Jésus pose la question à cet homme guéri : « Crois-tu, toi, au Fils de l’homme ? » Aujourd’hui, croyons-nous en lui ? Croyons-nous qu’il traverse l’épreuve avec nous ? Croyons-nous qu’il peut nous soutenir et nous redonner confiance et sérénité ? Notre foi au Christ devient espérance quand nous voyons tant de dévouement, de générosité, d’entraide, de solidarité, de mobilisation mondiale pour sauver l’humanité. Voilà pour moi, une source d’espérance et de réconfort. Le texte ci-joint de cette religieuse italienne le dit mieux que moi.

Seigneur, ouvre nos yeux, ouvre nos cœurs, ouvre nos vies à la vie que tu proposes et bénis-nous.

Père Jean COURTES

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