Donner son corps et son sang, c’est donner sa vie, toute sa vie. Les soldats le savent en temps de guerre et parfois certaines personnes font ce choix par amour pour en sauver d’autres. A quelques heures de son arrestation, Jésus célèbre la Pâque et il va donner librement et définitivement sa vie en prenant du pain et une coupe de vin et en priant Dieu. En disant : « Ceci est mon corps » Jésus se substitue à l’Agneau pascal, il est le nouveau signe de Dieu qui libère. Désormais c’est dans ce repas au nom du Christ que Dieu donne sa vie à tous les hommes et les femmes qui le reçoivent. Le texte de l’évangile de Marc nous dit qu’ils mangèrent tous de ce pain et qu’ils burent tous de ce vin. Tous les hommes sont égaux avec le Christ, tous sont frères et sœurs d’un même Père, tous communient à la même vie. Mais ce n’est pas automatique, il faut le vouloir, prendre son corps pour le manger, prendre son sang pour le boire, pour entrer dans cette vie divine proposée. Il faut choisir, s’ouvrir au don de l’autre, sortir de soi. Nous savons la suite par des évangiles : ce n’est jamais simple puisque les plus proches après avoir célébré la Cène, vont s’endormir au Mont des Oliviers, s’enfuir et certains le trahir. Communier à la vie de quelqu’un que l’on aime est difficile, périlleux, mais quelle aventure merveilleuse de l’amour !
L’Eucharistie, la messe nous nourrissent-elles ? Sommes-nous plus intéressés par les textes ? La communion est-elle pour nous indispensable ? Pour certains d’entre nous, le repas du Seigneur avec le partage du Corps et du Sang du Christ (quand cela peut se faire) est essentiel. Par ce geste concret, ils s’unissent au Christ, participent à sa vie divine, sont reliés à la Trinité. Bien plus, la communion crée la communion entre les participants, elle unifie, comme dans nos repas familiaux quand avec le pain et le vin nous partageons la joie de la rencontre, l’amitié et l’amour. L’Eucharistie est un repas où nous vivons tout cela avec le Christ et avec ceux qui sont là en communauté d’Eglise. Nous sommes unis dans notre diversité.
Nous connaissons tous les critiques faites à nos célébrations eucharistiques. Soyons positifs et demandons-nous quelles sont les conditions pour que ce que le Christ veut faire se réalise ? Peut-être d’abord et avant tout que nous venions librement accueillir la vie du Christ. Pas forcés, en trainant les pieds, par routine, non, venons par envie, en désir de rencontres et de communion. Ensuite, ouvrons notre esprit et notre cœur à l’Autre. Nous ne venons pas à la messe pour nous retrouver nous, pour avoir un moment à nous, mais pour rencontrer quelqu’un : le Christ ressuscité et une communauté qui le célèbre. Laissons de côté pour un temps nos préoccupations, pour accueillir celui qui nous attend et qui se donne. Enfin, venons à la messe pour communier dans tous les sens du terme. Le Christ communie à notre vie comme nous à la sienne. Participons à cette vie d’Alliance et d’Amour qu’il propose à toute l’humanité. La communion nous met dans une dynamique qui nous dépasse, qui porte l’Eglise et dont nous devons témoigner.
Père Jean COURTES