Rembrandt
Voici une parabole riche à plus d’un titre ! Très souvent, nous l’entendons comme Dieu donnant à chacun des dons, des qualités que nous devons faire fructifier. Gare à ceux qui ne le font pas ; ils passeront l’éternité dans les pleurs et les grincements de dents ! Dans cette histoire Jésus fait l’éloge de la prise de risque. En effet que reproche le maître au troisième serviteur ? De n’avoir rien gagné, d’être allé enterrer son argent, d’avoir eu peur de le risquer. Au lieu de vivre, il a penché vers la mort. Au lieu d’agir, il a préféré jouer la sécurité en ne faisant rien. Au lieu d’oser et d’espérer, il est resté tourné vers le passé. En fait, cet homme ne croit pas au don que lui fait le maître, il ne croit pas qu’il est capable de créer de la vie. Il a une image de son maître qui le paralyse. Si pour nous le maître est Dieu, la vision du troisième serviteur fait froid dans le dos !
Dieu nous appelle tous à co-créer. Il nous met en position de sujet : à nous de choisir entre la vie et la mort. Les deux premiers serviteurs ont osé, ont choisi de se risquer dans la vie, quitte à la perdre, et ils sont vivants, car ils ont rajouté du don au don. Le troisième au contraire a enterré le don de la vie qui lui était fait. En ce temps de pandémie, quel message ! Que choisissons-nous ? Certes, il nous faut tenir compte de la situation sanitaire et ne pas mettre en danger les autres et nous-mêmes, mais nous savons aussi que nous avons à notre disposition de nombreux moyens pour rester reliés les uns aux autres, pour rester des vivants. S’enfermer dans la peur, c’est choisir le contraire de ce que propose Jésus.
Matthieu adresse cette parabole aussi aux premières communautés chrétiennes. Attendent-elles passivement le retour du Maître, la fin des temps ? N’ont-elles pas reçu le don de l’espérance et ne doivent-elles pas s’investir dans le monde pour qu’il vive autrement ? Aujourd’hui, l’Eglise n’a-t-elle pas à vivre et à proposer le message d’espérance que Dieu est avec nous, souffre avec nous et travaille avec nous à la venue d’un monde nouveau. Nous chrétiens, tournons-nous vers Dieu pour lui dire : merci Seigneur du don de la vie, de l’espérance et de l’amour, vois nous essayons de le faire fructifier pour notre joie et celle des autres. Pouvons-nous ensemble nous risquer dans l’aventure d’une nouvelle vie sociale, ecclésiale et mondiale ? Beaucoup de nos contemporains attendent cet engagement de notre part.
Père Jean COURTES