La prière de Siméon touche beaucoup d’entre nous car elle rejoint un désir profond : avoir réalisé dans sa vie ce qui nous est le plus cher. Pour cet homme de foi, qui croit à la venue du Messie, le voir avant de mourir serait la réalisation parfaite de son espérance. Il en avait eu la promesse par Dieu même. Il la réalise dans la rencontre de Marie, Joseph et Jésus. Quelle joie, quelle émotion pour cet homme avancé en âge de vivre cet instant d’éternité !
Siméon vit dans le Temple, le cœur de Jérusalem, le lieu saint, le lieu de Dieu. Il est habité par l’Esprit saint, c’est-à-dire par Dieu et il fait la rencontre de sa vie. Qui rencontre-t-il ? Un bébé ! La scène nous montre les deux temps de la vie : la naissance et la mort. Dieu vient en notre monde pour mettre fin à la mort. « Maintenant Ô Maître souverain tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, car mes yeux ont vu le salut. » La mort est vaincue, la résurrection annoncée est entrevue.
Avec ce récit de Luc, nous sommes au cœur du Credo, de notre Profession de Foi : Jésus est né dans notre monde pour enterrer définitivement la mort et nous ouvrir le chemin de la vie en Dieu. Certes, la mort terrestre reste une réalité et une épreuve, mais la résurrection de Jésus nous appelle à une nouvelle vie : la communion avec Dieu. Siméon dit d’ailleurs explicitement qu’il peut mourir, puisqu’il voit la vie, la vraie devant lui. Bien plus, en prenant Jésus dans ses bras, Siméon accueille et communie à cette vie nouvelle. Non seulement il croit, mais il entre dedans, elle devient sa vie.
Quelque soit notre âge et notre parcours, nous sommes invités à cette Profession de Foi. Le Jésus de la crèche, cet enfant amené au Temple pour que se parents accomplissent les rites prescrits par la Loi : circoncision pour les garçons et offrandes, est le Fils de Dieu. Il est l’incarnation de sa Parole, il réalisera la Promesse et l’Alliance, il donnera sa vie pour elles. Et Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et il vit éternellement dans sa gloire. Le croyons-nous ?
Noël et Pâques sont indissociables. Ce qui éclaire la crèche ce n’est pas l’étoile mais la lumière du cierge pascal, qui nous dit en permanence que le Christ est ressuscité et qu’il éclaire notre route. Accueillons cette lumière du nouveau-né pour vivre avec le Christ en nous laissant éclairer par son évangile et nourrir par son eucharistie. Accueillons dans nos bras, dans nos vies ce Jésus qui nous emmène à la rencontre de Dieu notre Père. Comme Siméon, répondons-lui par une prière qui jaillit de notre cœur et de notre foi. Noël, fête de la rencontre de l’espérance et de la foi. Esprit de Dieu guide-nous sur ce chemin de vie !
Père Jean COURTES