Quand Dieu dit à Paul : « ma grâce te suffit », il est au bord du découragement. Dès qu’il arrive dans une ville et qu’il va prêcher l’évangile dans une synagogue, il est contré par un groupe de juifs qui lui en veulent à mort. La mission est toujours compliquée et difficile, même aujourd’hui. Jésus lui-même en a fait l’expérience. Comment faire comprendre à sa famille, à ses proches, qu’il est plus, autre, que celui qu’ils croient connaître ? Même Marie et Joseph, quand ils l’ont découvert dans le Temple à 12 ans, n’ont pas compris ce qu’il leur annonçait. La mission est difficile car il s’agit d’annoncer que Jésus de Nazareth est le Christ, c’est-à-dire le Messie attendu, le Fils de Dieu. Il est ressuscité, il est vivant aujourd’hui en nous et dans notre humanité par son Esprit Saint. Que dire, que faire pour faire passer ce message, cette bonne nouvelle ? Et comment le dire pour que ceux qui vivent avec nous et que nous rencontrons, l’entendent et apportent une réponse à ces questions ?
Et si le Christ nous disait à tous » : « va, ose une parole, un geste, ma grâce te suffit ». En effet, il ne nous est pas demandé de convertir, mais d’annoncer. Simplement dire ce que nous croyons et pourquoi nous le croyons, autrement dit parler en « je », et sortir des théories et des débats multiples. Essayons d’exprimer pourquoi Jésus nous intéresse, pourquoi il tient une place dans notre vie, pourquoi nous sommes un de ses disciples. C’est notre témoignage qui posera la question à d’autres et non de grands discours.
Le Christ nous dit à chacun : « ma grâce te suffit » quand nous rentrons dans cette logique missionnaire de parler de notre foi en lui. Nous avons quand même des points de repères. Le premier est de nous mettre à l’écoute de l’autre et du Christ, autrement dit d’accueillir leur vie, nous laisser imprégner par tout ce qui tisse leur vie : joies, difficultés, questions, etc. C’est dans cette ouverture que nous nous trouverons sur le terrain de l’échange et de la communication vraie et profonde. Jésus questionne souvent : « que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Un autre point qui lui est conjoint est de nous faire proche de celui qui souffre. Si nous faisons attention nous en rencontrons régulièrement. Il y a les malades physiques ou psychiques, mais il y a aussi leurs proches, leurs amis, ainsi que tous les blessés de la vie qui se réfugient dans la peur, la colère et la solitude. Soyons comme le bon samaritain, arrêtons-nous, écoutons, soulageons, réconfortons. Nos gestes sont alors paroles fortes.
Un autre repère est d’entrer dans le processus du pardon quand il y a blessures, conflits, rancœurs et fermetures. Pouvoir témoigner de nos sorties de situations pénibles, pouvoir exprimer de la difficulté de la démarche, mais aussi de la joie qu’elle procure sont des éléments qui questionnent. Et bien sûr faire le lien avec la vie du Christ. Prenez la rencontre avec la femme adultère et surtout sa finale : « va et ne pêche plus c’est-à-dire va et vis autrement ». Dire nos changements nos conversions sont des paroles de foi qui comptent.
Enfin, la fraternité, notre qualité de relation avec les autres, parle d’elle-même de ce que nous sommes et de ce que nous croyons. Vivre le « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » est au cœur du message du Christ et semence de notre foi.
« Ma grâce te suffit » dit le Christ à tous les chrétiens et à son Église. Allons, témoignons de notre foi pour ouvrir des chemins, des questionnements, l’Esprit Saint fera le reste.
Père Jean COURTES