En lisant le début de l’évangile, je ne peux m’empêcher de penser à la liste des chefs d’états réunis à Paris pour la réouverture de Notre Dame. Luc nous cite l’empereur romain, le gouverneur de la Galilée, les autorités civiles et religieuses du moment et nous verrons défiler ce week-end les présidents en exercice ou élus, les têtes couronnées de plusieurs pays et de nombreuses évêques, cardinaux, etc. Que nous dit l’évangéliste ? Que Dieu n’a pas choisi tout ce beau monde pour leur adresser la parole, mais un homme seul, sans fonction, qui vit dans le désert, loin de tout. Comme Abraham, il va être appelé à une mission, celle de révéler la pensée de Dieu sur l’humanité.
Pour cela, Jean le Baptiste est une voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ». Où est notre désert en cet hiver 2024 ? Trois pistes possibles pour le trouver. D’abord, dans notre monde actuel fait activisme, de bruits, de vitesse, d’inquiétude, de recherche de sens, etc. Il est pour beaucoup de nos contemporains un lieu inhospitalier, aride, mélange de souffrance et d’espérance d’une autre vie. Dans notre monde, tel qu’il est Dieu parle encore et toujours et nous dit à nous chrétiens, croyants : « Préparez mon chemin, rendez droits mes sentiers, travaillez pour que ma Bonne Nouvelle soit entendue, écoutée, appréciée ». A nous de nous remonter les manches, d’oser une parole, des gestes qui parlent à nos contemporains pour préparer leurs cœurs, leurs vies à la rencontre de Dieu.
Le désert c’est aussi en nous que nous le trouvons. Au milieu de nos vies comblés, encombrées, suroccupées, où le temps nous manque en permanence, que de sentiers tordus, que de ravins et de montagnes infranchissables ! Dans notre désert, une voix crie, celle de Jean-Baptiste, celle de l’évangile, celle de chrétiens et croyants à nos côtés, celle de l’eucharistie, etc. Dieu nous parle encore et toujours au cœur de nos vies. Faisons un stop pour l’entendre, alors nous verrons le salut de Dieu, nous toucherons du doigt cette attention de Dieu à notre égard, nous entrerons progressivement dans cette vie de communion avec lui. Laissons les autres nous convertir au sens fort du terme, c’est-à-dire nous proposer des changements de vie, pour être plus proche de l’amour de Dieu et de celui de nos frères.
Le désert c’est aussi notre Église. Nous connaissons tous son état, ses grandeurs et ses bassesses et nous mesurons le réseau dense de ses routes tortueuses, de ses méandres sans fin, de ses obstacles nombreux et contre productifs au message évangélique. Depuis plus de 60 ans avec le concile Vatican II, elle essaie de rendre droit ses sentiers, d’aplanir beaucoup de chemins pour que tout homme, toute femme se sentent accueillis et en communion. Plusieurs voix sont nécessaires pour qu’elle change et se transforme, le pape François en est une aujourd’hui. Comme lui, localement soyons cette voix qui annonce que Dieu vient, qu’il est là et qu’il nous attend.
En ce 2° dimanche de l’Avent, écoutons le message d’Isaïe qui nous est adressé : Dieu nous parle non seulement à travers des chefs d’œuvre comme Notre Dame de Paris ou une autre petite église romane de notre choix, mais surtout par la foi des croyants. Dieu se fait entendre par des voix parfois dissonantes, déconcertantes, écoutons-les. Dieu fait de nous des Jean-Batistes du temps présent pour que son message soit toujours d’actualité. Alors prenons la Parole de Dieu et disons-la.
Père Jean COURTES