Eugène Delacroix
Ce récit de la tempête apaisée trouve des échos dans notre actualité nationale. La dissolution de l’Assemblée nationale est vécue comme une tempête par beaucoup de nos concitoyens. Nous le savons, souvent dans la Bible, la mer est le lieu de la mort : le possédé de Gérasa est délivré parce que sa légion de démons se précipite dans la mer ; il en est de même des Egyptiens qui poursuivent les Hébreux en route pour franchir la mer Rouge. Sur le bateau où Jésus dort, il y a comme une lutte à la vie, à la mort, dont l’issue est incertaine. La peur s’est emparée des disciples. L’évangéliste insiste sur le contraste entre cette peur panique et le sommeil tranquille de Jésus. Comment peut-il dormir dans ce vacarme ? La mise en scène est parfaite : réveillé, Jésus s’adresse directement aux éléments cosmiques pour calmer le jeu et tout redevient calme et tranquille. La vie peut reprendre.
L’enseignement théologique est fort et porte sur plusieurs points. D’abord Jésus engage un combat contre les forces du mal et il le gagne. Ensuite, il est avec nous dans la barque de la vie. Certes il semble dormir, mais il est là, présent, prêt à intervenir pour sauver les hommes de la mort. Il nous pose aussi la question de la foi : croyons-nous en lui ? Croyons-nous qu’il a le pouvoir de nous sauver et de nous faire passer de la mort à la vie ? Croyons-nous qu’il nous fait passer de la peur à la confiance, à la foi en lui ? Enfin, quelle est cette autre rive ? Est-ce la vie après la mort, la vie éternelle, la vie avec le Ressuscité ?
Chrétiens, croyants, quel pouvoir donnons-nous à Jésus dans notre vie. Faisons-nous appel à lui que dans nos situations de détresse ? Nous sommes nombreux à le laisser dormir tranquillement quand tout va bien pour nous. Pourquoi le déranger quand il n’y a pas d’urgence ? Mais quand la peur nous prend et nous enlève toutes nos facultés, alors nous nous tournons vers lui comme dernier recours : « Sauve-nous, nous périssons ». Alors sa voix, son évangile calme le jeu et nous rend notre discernement. Aujourd’hui, qu’est-ce qui nous fait peur, nous paralyse, nous fait penser que nous frôlons la mort ? Pour chacun d’entre nous la réponse risque d’être différente : peur de la maladie grave, de la guerre, d’être ignoré, non reconnu, mal traité, peur de l’avenir et de ses incertitudes, etc. La peur est une lèpre qui nous paralyse. Face à elle, Jésus élève la voix : « N’ayez pas peur », et il traverse la tempête avec nous. Lui aussi a vécu des moments de tensions extrêmes comme sa prière au mont des Oliviers, son arrestation et sa mise à mort sur la croix. Il a fait confiance au Père, il lui a remis son esprit et il a traversé grâce à lui le chemin de la mort pour ressusciter le matin de Pâques.
Nous sommes invités aujourd’hui à la Profession de Foi. Nous sommes invités à croire qu’il peut nous faire passer de la peur à la foi en lui. Nous sommes invités à croire que son amour pour nous est plus fort que tout.
Avec lui nous savons que la vie est là devant nous à inventer, à poursuivre dans la confiance en lui et aux autres. Pas de vie sans fraternité ! Pas de vie sans amour. Avec Dieu, la vie s’écrit avec le mot Espérance.
Père Jean COURTES