La page d’évangile d’aujourd’hui peut faire peur car elle a des accents d’apocalypse. La fin du monde serait-elle presque là ? Le changement climatique et ses catastrophes naturelles en divers points du globe n’en sont-ils pas les signes ? Dieu en profiterait-il pour imposer sa présence à toute l’humanité ? Si c’était le cas, la parole de Jésus ne serait une Bonne Nouvelle. Par contre la comparaison du figuier qu’il emploie peut nous inviter à l’espérance, car il incite ses disciples à bien regarder les signes de la vie qui nait ou renait, à entendre la promesse : Dieu vient, il est là au milieu de ce monde qui vit des moments et des changements très durs.
Depuis maintenant longtemps nous ne rendons plus Dieu responsable des catastrophes naturelles car nous en connaissons les causes. Nous chrétiens, nous savons que notre Dieu n’est pas à l’origine du mal mais qu’au contraire, il est là présent, aux côtés de cette humanité qui souffre, car il l’a épousé en Jésus. Nous croyons qu’il est là au plus près de plus faibles, des plus pauvres, des plus faibles et des plus éprouvés. Il est là avec nous pour nous dire et redire que l’amour est plus fort que la mort, que la vie triomphera toujours des épreuves, que tout homme sera sauvé, vivra éternellement dans l’amour.
Au 13° siècle, alors que la 5° croisade assiège le port de Damiette en Egypte, François d’Assise rencontre le sultan. Il veut faire cesser la guerre et ramener la paix. Pour cela il prêche l’amour de Dieu à al-Malik al-Kamil. Celui-ci est impressionné par l’audace de François qui n’a d’autre arme que la joie tranquille de celui qui se sent aimé de Dieu et qui veut persuader son interlocuteur que lui aussi est aimé de Dieu sans conditions. Le sultan frappé par son discours demande à François si l’on peut croire au Dieu amour dans un monde plein de violences et de morts. Eternelle question !
L’évangile nous dit que Dieu vient dans notre monde tel qu’il est. Le Fils de l’homme, le Christ est l’expression même de sa présence et de son amour. Cet amour ne passera pas, il sera éternellement, il est déjà là comme les signes du printemps. Cet amour sera crucifié mais il ressuscitera dans la joie du matin de Pâques. Notre espérance est enracinée dans cette vie de Jésus, expression concrète de l’amour de Dieu pour notre humanité divisée et meurtrie. Beaucoup d’évènements pourraient nous rendre pessimistes, mais ce qui nous en sort ce sont les manifestations de fraternité, de soutien, d’entraide qui sont omniprésentes en ces temps toujours difficiles. L’amour est plus fort que la mort !
Le mot « apocalypse » veut dire révélation. L’évangile nous révèle un monde qui ne passera pas : celui de l’amour de Dieu. Même s’il est caché par bien des évènements dramatiques, par l’égoïsmes des hommes et des peuples, il est là, présent, amour crucifié qui dit toujours et encore la tendresse de Dieu pour ses enfants. Un monde nouveau est là, à notre porte, à nous de le faire advenir sur notre mètre carré de terrain. Tous nos actes d’amour, de fraternité et de solidarité sont autant d’étoiles qui annoncent une nouvelle vie, un monde nouveau.
Père Jean COURTES