Prier sans cesse pour que justice soit faite !  29° dimanche C   16 octobre 2022

Marko Rupnik

Cette parabole de Jésus nous rappelle que le chrétien marche sur deux pieds : la relation à Dieu, la relation aux autres. Pour lui, la prière est essentielle, c’est la systole de son cœur, la diastole étant sa relation aux autres. Les deux sont nécessaires et complémentaires. Jésus recommande à ses disciples de prier sans se décourager, car comme nous ils ont dû faire l’expérience que Dieu ne répondait pas à leurs demandes, qu’il semblait être sourd à leurs supplications, etc. Rappelons-nous que la prière est cette relation à Dieu que nous établissons volontairement pour lui parler, être en sa présence, lui confier ce qui nous réjouit et ce qui nous préoccupe. Prière d’action de grâce, de louange, de demande, parfois prière silencieuse, ou encore conversation avec lui à partir d’un texte d’évangile, etc., elle nous décourage parfois par les non réponses. Alors que nous demandons quelque chose pour nous ou ceux qui nous sont chers, nous ne semblons pas entendus et exaucés. Alors à quoi bon prier ! Jésus nous répond : prier sans vous décourager et plusieurs fois dans l’évangile, il se retire dans la montagne pour prier seul et quand les disciples insistent en lui demandant ce qu’il raconte à Dieu, il leur donne le Notre Père. Oui, la prière est essentielle et indispensable pour celui qui veut suivre le Christ et vivre avec lui, même s’il passe par des moments d’ennui, de sécheresse, de découragement. Qui n’a pas vécu avec son conjoint, ses enfants, ses amis des pannes de communication sans que cela remette en cause la relation !

Mais la parabole de la veuve et du juge inique sans foi ni loi nous donne l’objet de son insistance : la justice. C’est un thème constant dans l’Ancien Testament où Dieu est représenté comme celui qui viendra la rétablir. Celle-ci touche aux relations entre les hommes, aux spoliations des droits, aux abus de tous ordres, à tout ce qui empêche de vivre dignement et en paix. Le Dieu d’Abraham est pour la vie humaine fraternelle, heureuse, respectueuse de tous. Cette veuve, seule dans la vie réclame son droit et non une faveur. Elle est opiniâtre et obtiendra gain de cause. Jésus la donne en exemple pour dire à ses disciples, donc à nous, de ne jamais lâcher quand il s’agit de justice. Prier pour que justice se fasse, car un jour elle arrivera. Qu’est-ce à dire ? Va-t-elle régler nos litiges d’héritage, de voisinage, de travail, etc. ? Sûrement pas, car la justice de Dieu ne remplace pas celle des hommes. Mais par et dans la prière il nous donne la claire vision de la relation juste aux autres, il nous ouvre à la compréhension et au pardon qui réintègre. Dieu nous fait sortir du cercle vicieux qui enferme et pourrit la vie. Il nous invite à l’ouverture et à la fraternité. Par et dans la prière, il ouvre des chemins de vie nouvelle.

Oui, nous sommes invités à prier pour cela sans relâche. Oui, en Eglise nous sommes invités à vivre cette double relation à Dieu et autres, qui changent nos vies et qui les rendent plus ouvertes et plus fraternelles. Cette justice est vécue en Eglise quand nous cherchons à réparer, à restaurer tout ce que des abus ont cassé, abimé, meurtri. Oui, ne lâchons rien quand il s’agit de la justice car Dieu est là, il nous entend et il nous aide à vivre la miséricorde et à nous convertir.

Père Jean COURTES

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