Quatrième catéchèse : le sacrement de l’Eucharistie    25 mai 2025

Arcabas

En cette année jubilaire et de réouverture de la cathédrale Notre Dame de Paris, le diocèse nous propose de redécouvrir les sacrements. Aujourd’hui, nous réfléchissons, témoignons et fêtons l’Eucharistie à l’occasion de la Première Communion des enfants du catéchisme.

L’eucharistie, appelée aussi la messe, a été instituée par Jésus lui-même, le soir du Jeudi saint. Avant d’être arrêté, Jésus réunit ses disciples, fait son testament spirituel et prend du pain en leur disant : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps ». Il fait de même avec du vin en disant : « Prenez et buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance versé pour la multitude pour le pardon des péchés. Chaque fois que vous ferez cela, vous le ferez en mémoire de moi ». Ainsi, Jésus laissait un signe fort de sa présence qui traverse le temps et le rend présent aujourd’hui et demain. Depuis ce soir-là, les disciples de Jésus se réunissent régulièrement pour vivre ce moment d’eucharistie, mot qui veut dire action de grâce, et être en communion avec lui. Rappelons-nous que Jésus n’a pas inventé le rituel, puisqu’il reprend celui du repas pascal juif, mais il en change la signification profonde. En effet, ce n’est plus la commémoration de la libération d’Égypte que Jésus célèbre, mais sa vie même qu’il donne à ses disciples présents et à venir. 

La messe que nous célébrons comporte toujours les trois moments importants comme au temps des premiers chrétiens : l’écoute de la Parole de Dieu, la consécration et la communion. Bien sûr au cours des siècles, des prières et des rites ont été ajoutés, ont variés en fonction des mentalités, des évolutions, des attentes. Le récit le plus ancien nous vient de saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens, donc des années 50.

Depuis le début, les chrétiens qui se réunissent pour célébrer l’eucharistie le font en trois temps :

            D’abord en écoutant la parole de Dieu. A l’époque, il n’y avait pas de bible, mais commençaient à circuler des paroles de Jésus, des récits de rencontres, des dialogues qu’il avait eus avec un tel ou un tel (Zachée, Marthe, Nicodème, etc.), des déclarations qu’il avait faites à telle ou telle occasion. Imaginons la scène : dans une maison particulière, dix à quinze personnes se retrouvent et chacun raconte un souvenir, rapporte un fait ou une parole. Un dialogue se noue, un partage a lieu et chacun se remémore, se nourrit de la parole échangée : Jésus est là avec eux, entre eux. Ce n’est que bien plus tard, quand il y aura des églises et des prêtres que ces derniers seront les seuls à commenter la parole et il faudra attendre encore des siècles pour que des passages de l’Ancien Testament soient mis en complément des passages d’évangile. Mais la Parole de Jésus restera toujours le centre, le point fort de ce que nous appelons la liturgie de la Parole.

            Le deuxième temps fort est la consécration. Jésus a pris du pain et du vin, aujourd’hui à toutes les messes, nous reprenons ces aliments et nous redisons les mêmes paroles de Jésus. Ainsi nous faisons mémoire et nous actualisons ce que Jésus nous a dit de faire pour le rendre présent : le pain consacré représente le corps du Christ ressuscité, le vin consacré, son sang versé sur la croix. La consécration est le moment clé où le Christ ressuscité se rend présent à chacun et à la communauté rassemblée. « Il est grand le mystère de la foi » chantons-nous souvent après, car tout cela ne peut être accueilli et comprit que par la foi en Jésus, Fils de Dieu, ressuscité, vivant pour toujours. Souvenons-nous du récit des compagnons d’Emmaüs où après une journée de marche et d’échange, ils le reconnaissent quand il partage le pain et le vin avec eux.

            Le troisième temps fort est la communion. A l’invitation du Christ, la communion est le moment de tendre la main pour accueillir le Corps du Christ, pour boire son Sang. C’est un moment personnel et communautaire. Le Corps et le Sang de Jésus ne sont pas donnés à une seule personne mais à une assemblée, à un groupe de chrétiens rassemblés qui forment Église. Ainsi, la communion crée entre les chrétiens un trait d’union, un lien fraternel, dont le Christ est le centre et le ciment. A la fin de toute messe, il est bon qu’il y ait un temps de partage fraternel, d’échange, de possibilité de vivre la convivialité sous toutes ses formes. Le Christ fait de nous des frères et sœurs !

Une question revient souvent : pourquoi la messe est ennuyeuse ? Tout dépend de l’animation, des chants, des mouvements, etc. Quand nous participons à une messe en Afrique par exemple, nous voyons bien qu’il y a d’autres possibilités pour la rendre vivante. Mais l’essentiel est de devenir acteur et non consommateur. S’impliquer d’une manière ou d’une autre nous fait vivre la messe autrement. Participer par exemple à la préparation des messes est une bonne occasion pour lire, méditer, partager autour des lectures et choisir les chants qui vont les mettre en relief. Lire l’évangile avant de l’entendre à la messe est aussi un bon moyen pour l’écouter autrement. Etc.

Pourquoi trois lectures ? En général, le dimanche, la première lecture est en lien avec l’évangile. Elle nous prépare à écouter la parole de Jésus. La deuxième lecture est souvent une lecture continue pour nous faire découvrir et redécouvrir des lettres de Paul ou de Jean. L’évangile est continu sur l’année et en trois ans nous lisons Matthieu, Marc et Luc, Jean venant en complément à certains moments de l’année liturgique, surtout l’Avent, le Carême, Pâques et Pentecôte.

Pourquoi la Prière Eucharistique est si longue et répétitive ? Parce qu’au cours des siècles, l’Église a voulu remercier Dieu pour sa révélation, son alliance, son amour, son Fils et le don de l’Esprit saint. Ces remerciements, actions de grâce s’expriment dans cette prière qui a plusieurs variantes. Chaque prêtre a le choix de prendre telle ou telle. C’est vrai qu’ils se cantonnent souvent aux mêmes, mais vous pouvez leur demander de varier plus. 

Participer à la messe, se joindre à l’eucharistie d’une communauté demande de notre part un changement, une adaptation, une mise à l’écoute. Comme quand nous sommes invités par des amis, nous sommes en attente de vivre un moment qui va renforcer notre lien et notre fraternité. Pour participer à la messe avec bonheur, ayons la même attente, soyons acteur pour rencontrer le Christ ressuscité sous les trois formes de l’eucharistie. Dieu se donne à la messe, à nous de tendre la main, de l’accueillir pour notre joie et celle de la communauté. 

Père Jean COURTES

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