En cette journée de prière pour les vocations sacerdotales et religieuses, la question est peut-être légitime. Pourtant certains chrétiens vont vous répondre : « mais celui que Dieu veut ! ». D’accord mais qui sélectionnent les candidats, qui les forment, qui les ordonnent ? Ne devient pas prêtre qui veut et nous savons que seuls 50% de ceux qui se présentent pour devenir prêtres seront ordonnés. Quel prêtre voulons-nous pour demain pour un monde en plein bouleversement, dans une Église en pleine transformation en particulier en Europe ?
Il faut peut-être partir des communautés chrétiennes, car les prêtres sont pour la plupart, mis à leur service. Celles-ci sont en France en phase de mutation : en province et même à Paris, les fidèles vieillissent, les jeunes ne sont pas au rendez-vous, le nombre des baptêmes, mariages religieux et enterrements à l’Église diminue régulièrement, la voix de l’Église est moins écoutée, son enseignement moins suivi, etc. Chacun peut faire ce constat dans sa paroisse ou sa communauté, comme dans sa famille. Parallèlement le nombre des prêtres a diminué et pour tenir le terrain, ils déploient une énergie et une activité souvent intensives. Tout le monde le sait et le pressent, nous sommes dans une phase de transition car le système ne tiendra pas longtemps. Où est l’avenir ?
Pour moi, il est dans la multiplication de petites communautés chrétiennes qui se constitueraient ici et là, soit à cause de la proximité, soit par affinité, ou spiritualité, etc. et qui se retrouveraient régulièrement pour partager la Parole de Dieu, prier ensemble et partager la communion comme cela nous est décrit dans les Actes des Apôtres au chapitre 2, 42. Ces petites communautés se retrouveraient régulièrement ensemble pour vivre un temps fort, par exemple, les grandes fêtes et pour faire Eglise. Le but de ces petites communautés serait double : permettre à chacun de vivre sa foi au Christ et annoncer autour d’elles le Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
Que deviendrait le prêtre dans cette perspective ? Il n’est plus au centre, l’organisateur de la vie de la communauté, celui qui fait tout. Il deviendrait l’homme de la communion, chargé de faire le lien entre les petites communautés. Il aurait un ministère de rencontres fraternelles où l’écoute et la proximité seraient des vertus cardinales et indispensables. C’est lui qui présiderait les grands rendez-vous inter communautés. Il serait aussi attentif que soient vécues sur le terrain, les grandes orientations ecclésiales : accueil des migrants, de ceux qui se sentent en marge de l’Eglise (divorcés-remariés, homosexuels, etc.), préservation de la planète, favoriser la fraternité en tout lieu. Il aurait un rôle de veilleur et d’éveilleur pour que la parole de Dieu et son annonce soit toujours au centre de la vie des communautés. Bien sûr, il resterait l’homme de la prière, mais il n’est pas un moine, il est au milieu du monde pour témoigner avec ses communautés que la résurrection de Jésus change la vie de ceux qui croient, et donc d’une partie de l’humanité.
Dans cette perspective, les responsables des petites communautés chrétiennes ne seraient pas les prêtres mais des laïcs, hommes et femmes choisis par leurs communautés. Le prêtre se situerait donc autrement, en complément, avec cette dimension d’ouverture, de communion, d’Eglise. Son témoignage, sa formation, son ministère seraient indispensables à l’annonce de l’évangile. Quel prêtre pour demain ? Le débat est ouvert, il faut sûrement ne pas trader à y entrer. Il y a urgence sur le plan pastoral.
Père Jean COURTES