
Une lecture rapide du récit de la guérison des 10 lépreux, dont un seul revient vers Jésus, peut nous orienter vers le remerciement. Cet homme s’aperçoit qu’il est guéri et il revient dire merci à celui qui est à l’origine de sa guérison. Les autres, sous-entendu, sont des ingrats. Cette lecture n’est pas fausse, mais elle n’est pas suffisante. Reprenons le texte, imaginons la scène.
Jésus marche vers Jérusalem, il traverse la Galilée et la Samarie et un groupe de 10 lépreux l’interpelle : « Jésus, maître, prends pitié de nous ». Ils reconnaissent en lui une part de Dieu qui peut les sauver de leur mal. A l’époque, la lèpre est un mal terrible qui est même considéré comme une punition divine. Ils sont isolés, condamnés à vie. Jésus au lieu de les guérir tout de suite, les envoie se montrer aux prêtres, les hommes de Dieu, manière de leur dire que seul Dieu peut faire quelque chose pour eux. Et cela marche !
Le seul qui s’aperçoit que Dieu est intervenu dans sa vie est un païen, un Samaritain. C’est le seul qui réalise le don que Dieu vient de lui faire. Pourquoi pas les autres demande Jésus ? Bien sûr nous n’avons pas la réponse. Peut-être pouvons-nous faire l’hypothèse que les neuf autres qui croient en Dieu, trouvent normal que leur prière ait été exaucée. Nous prions, nous demandons dans la prière des bonnes choses pour nous et pour nos proches, n’est-il pas normal que de temps en temps, il intervienne et qu’un miracle se réalise.
Le Samaritain revient donc vers Jésus, non pour le remercier de sa guérison mais pour glorifier Dieu. Nous sommes là devant une Profession de Foi : il reconnait en Jésus, quelqu’un qui dit Dieu, qui agit en son nom, qui nous oriente vers le Père. Il nous montre que Jésus est le médiateur qui nous relie à Dieu, qu’il est le chemin qui mène à lui. Il s’agit bien de la foi : « Va ta foi t’a sauvé » lui dit Jésus. Par lui, il est devenu croyant et une nouvelle vie s’ouvre pour lui.
Pour nous, est-ce que Jésus nous mène à Dieu le Père ? Est-ce que nous ne nous arrêtons pas à lui ? Est-ce que nous ne nous disons pas : après tout, le Père, le Fils et l’Esprit saint, c’est tout pareil ? Il s’agit ici de reconnaitre que la Trinité est une façon de dire le Dieu des chrétiens et que Jésus nous le définit. C’est lui qui nous révèle que Dieu est Père, c’est lui qui nous donne l’Esprit saint, c’est lui qui au baptême et à la Transfiguration est reconnu comme le Fils.
Le lépreux samaritain oriente nos regards vers le Christ qui mène à Dieu et il nous invite à la louange. Sachons comme lui repérer dans nos vies ces miracles, petits et grands qui nous parlent de Dieu. Sachons surtout revenir à la Profession de Foi, Père, Fils et Esprit saint car elle nous mène au cœur de l’alliance et au cœur du Dieu amour que nous reconnaissons et que nous professons.
Père Jean COURTES