Les jeux paralympiques de l’été dernier nous ont tous impressionnés par les exploits des sportifs, leurs endurances, leurs performances malgré souvent des handicaps qui nous paraissaient insurmontables. L’évangile d’aujourd’hui nous présente Bartimée, un aveugle devenu mendiant. Au temps de Jésus, être atteint de cécité est vu comme un châtiment divin et les aveugles sont marginalisés. Bartimée entend la rumeur, il a entendu dire que Jésus faisait des miracles, c’est sa chance. Il la saisit. Il crie, il vole, il se précipite devant Jésus. « Va, ta foi t’a sauvé ». L’exploit n’est pas que physique, il est le saut de la foi en Jésus de Nazareth qui peut donner une nouvelle vie.
Bartimée, c’est nous ! Oui, c’est nous avec nos handicaps, nos insuffisances, nos petitesses, etc. C’est nous avec notre cécité qui nous empêche de voir des frères et sœurs dans les autres, qui nous conduit à nous méfier de tout et de tous, qui nous déforme notre monde actuel. Et nous sommes là au bord du chemin ! Certes nous avons rencontré des chrétiens qui nous ont dit plusieurs fois : « Confiance, lève-toi, il t’appelle. » Des proches, des catéchistes, des prêtres, des hommes et des femmes que nous avons croisés et qui nous ont marqués par leur foi au Christ. Ils nous ont dit qu’il était là, présent, prêt à la rencontre. Certains d’entre nous, nous y sommes allés et il nous a guéris de tout ce qui nous paralysait vraiment. Il nous a ouvert à une nouvelle vie avec lui et avec les autres.
Bartimée c’est aussi notre Eglise ! Aujourd’hui, elle est au bord du chemin dans bien des pays du monde. Elle est souvent marginalisée, dépréciée, exclue du débat public. Sûrement parce qu’elle est porteuse de cette parole de Dieu qui est contraire aux intérêts de certains. Elle répète inlassablement à tous les hommes : « Confiance, il t’appelle. », parce qu’elle entend pour elle-même cette parole d’aller vers lui et de marcher à ses côtés. Elle essaie de se débarrasser de tout ce qui alourdit sa marche pour être plus ajustée à sa vocation et à sa mission. Travail formidable de l’Esprit saint qui travaille au cœur de notre Eglise et qui la pousse à plus d’authenticité et de vérité. L’expérience de la vie synodale en est une illustration parmi d’autres. Avec nous elle avance sur son chemin de Pâques.
En effet, l’évangile d’aujourd’hui prélude à l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. La foule ouvrira la route de manteaux et de rameaux. Nous savons aussi qu’elle se transformera en chemin de croix. Les chrétiens, tous ceux qui rencontrent le Christ sont invités à le suivre. Ils savent que ce chemin n’est pas tout plat, il y a des montées, des bosses et des passages dangereux, mais ils savent qu’il est là sur la route et qu’il les accompagne. Avec lui, nous marchons vers Pâques. Avec lui, nous voyons la vie autrement ; avec lui nous vivons autrement ; avec lui nous entrons dans un monde nouveau où l’amour et la fraternité s’embrassent. Chrétiens nous en sommes témoins.
Père Jean COURTES