L’évangile d’aujourd’hui (Mt 22, 1-14) nous raconte une histoire invraisemblable, incroyable. Un roi célèbre les noces de son fils et invite famille et amis. Personne ne vient pour des raisons multiples et variées. Il insiste, rien n’y fait. Sa réaction violente est alors l’horreur. Bien plus, il envoie chercher le tout-venant pour remplir la salle de noce. Là aussi nous sommes dans l’imaginaire, hors réalité.
Pourquoi Matthieu raconte cette histoire ? Quel message pour nous aujourd’hui ? Matthieu pense à l’avenir, à la fin des temps. Il évoque comme Isaïe dans la première lecture, le repas messianique. Le peuple élu est invité mais personne ne répond présent car on ne veut pas reconnaitre le fils. L’évangéliste parle donc de Jésus, Messie et de son retour à la fin des temps, lors du jugement, d’où la réaction violente du roi. N’oublions pas que l’évangile a été rédigé dans les années 70, au temps du siège de Jérusalem et de sa chute.
Si le fils est le Christ, qui sont les envoyés ? Peut-être les prophètes, mais surtout les disciples que Jésus a envoyé deux par deux en mission. Plus tard après sa résurrection il en enverra encore d’autres avec comme feuille de route de faire des disciples et de le baptiser au nom du Père et du Fils et du saint Esprit. Comment ne pas penser à Paul qui commence toujours sa prédication auprès de ses frères juifs avant de se tourner après leur refus, vers les autres. Toute l’humanité est invitée aux noces de Dieu. Tous les peuples ont leur place au banquet divin. La fête est pour tous, l’amour, la joie de Dieu est offerte à tous.
La Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui est que nous sommes invités à ces noces du Fils. Lui-même en a anticipé l’heure ultime puisque dans chaque eucharistie nous les célébrons. Le soir du Jeudi saint, il a voulu se rendre présent dans ce partage de son corps et de son sang, de sa vie. Peut-être avons-nous à nous rappeler que chacune de nos messes est un repas de noces, qui devrait être toujours festif, joyeux, accueillant, exprimant la joie de l’amour donné par Dieu à chacun d’entre nous.
Mais alors comment comprendre cette histoire d’invité qui est mal habillé et qui se retrouve jeté dehors. N’oublions pas d’abord que c’est une parabole, une histoire. Ensuite, reconnaissons que sans aller dans l’excès, quand nous sommes invités à un mariage, nous faisons un effort vestimentaire pour dire aux mariés notre affection et notre amitié. Manifestement dans cette histoire, le mal habillé savait qu’il était à une noce, or il n’en a pas tenu compte. Il se met à part, hors connexion comme on pourrait dire aujourd’hui. Que représente ce vêtement de noce ? Le baptême ? Sûrement pas car il n’est pas question de foi dans ce passage. Dans les chapitres suivants, Matthieu va parler du jugement dernier qui se fera non sur notre degré de foi mais sur notre humanité, notre fraternité. Rappelons-nous : « j’avais faim et vous m’avez donné à manger, etc. venez les bénis de mon Père…» Le vêtement de noce fait penser au manteau de la justice dont parle Isaïe (61, 10).
Nous sommes tous invités à la noce que Dieu organise en l’honneur de son Fils ressuscité. Nous pouvons y participer à une seule condition : être habités par la fraternité, la bienveillance, cet amour mutuel et essayer de les vivre au quotidien. Alors nous serons à notre place au banquet éternel final. Belle joie en perspective !
Père Jean COURTES