Tous saints !  1° novembre 2025

Abbaye cistercienne ND de la paix

La fête de la Toussaint est suivie de la célébration pour les défunts et ce n’est pas un hasard du calendrier. En effet il y a une évidence théologique et spirituelle car à la Toussaint nous fêtons tous ceux que Dieu a sanctifié, tous ceux qui vivent de son amour et qui sont ressuscités avec le Christ comme dit Paul et le lendemain nous pensons et nous prions pour tous ces « bienheureux qui n’ont jamais fait parler d’eux et qui sans cesse et de leur mieux ont aimé autant leurs frères que leur Dieu ». Souvent nous les avons croisés dans notre vie, parents, proches, rencontres inopinées et exceptionnelles qui ont laissé des traces dans notre mémoire et notre cœur. Pour nous, loin de les pleurer, nous leur sommes reconnaissants de ce qu’ils nous ont donné : la vie, l’amour, le goût du vivre ensemble, etc. 

Jésus monte sur une montagne, comme Moïse au Sinaï et il prononce non des commandements, non un programme que tout chrétien devrait appliquer, mais des affirmations qui disent le choix de Dieu pour rendre heureux telles ou telles personnes. Quelques-unes écorchent nos oreilles : « Heureux les pauvres, heureux ceux qui pleurent, heureux ceux qui sont victimes de leur foi, etc. », car nous avons une autre idée du bonheur. Pour nous, être pauvre, pleurer, être persécuté pour notre foi sont des situations de malheur et même si nous ne voulons pas être richissimes, nous voulons un minimum de bien-être et pouvoir pratiquer notre foi en toute tranquillité. Alors quel message, que comprendre ? 

Jésus rencontre des riches et des pauvres, des pharisiens, des docteurs de la loi, des aveugles, des blessés de la vie, etc. et ce qui est frappant c’est qu’il se comporte avec tous en remettant l’homme au centre, soucieux de le libérer, qui d’une maladie ou infirmité, qui de son rapport à la Loi qui opprime plutôt qu’elle rend libre, qui est exclu de la société et qu’il remet dans la relation sociale. Sa liberté par rapport à la Loi, appelle à une libération, à une conversion. Notre éducation, notre société, notre religion nous font vivre d’une certaine manière, nous donnent du bonheur une certaine image que le Christ renverse. 

Son secret se trouve dans le double commandement de l’amour. Tenir ensemble : aimer Dieu de tout son cœur, de toute sa force et son prochain comme il a essayé de le faire pendant sa vie terrestre. Donner, aimer jusqu’au bout, regarder chaque personne en vérité et non de manière superficielle ou partielle. Là est le vrai bonheur pour Dieu proclame Jésus. Et nous pouvons nous réjouir car dans le fond nous sentons bien que ce sont des vraies valeurs. Certes, nous ne pouvons pas dire qu’être pauvre rend heureux, mais nous savons aussi que la richesse enferme et coupe de bien des gens ; nous ne pouvons dire que pleurer rend heureux, mais nous savons aussi que nos pleurs disent nos relations avec tel ou tel ; nous pouvons affirmer qu’être artisans de paix nous rend heureux et rend les autres heureux.

Écouter ce sermon sur la montagne, c’est entrer dans cette logique de Dieu où l’amour est premier et rend toujours heureux aujourd’hui et pour l’éternité.

Père Jean COURTES

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