Trio du 9 juillet 2023 14° dimanche A

Samuel

La première lecture paraît paradoxale, parce qu’il y a des mots qui ne vont pas ensemble :

Roi, victorieux// pauvre et monté sur un âne

Ce texte m’a fait penser à deux autres événements de la vie de Jésus :

– le premier événement est le lavement des pieds des disciples au moment de la Cène.

Dans la tradition, au Moyen-Orient, lorsque des invités arrivaient dans la maison de leur hôte après une longue marche, c’est le serviteur qui accueillait les invités en leur lavant les pieds, parce que leurs pieds s’étaient empoussiérés en marchant. C’était comme un geste d’accueil et c’était l’esclave ou le serviteur qui lavait les pieds de ceux qui entraient dans la maison.

– le deuxième événement concerne les rameaux, lorsque Jésus entre dans Jérusalem sur le dos d’un âne.

La première lecture et ces événements nous rappellent comment Jésus a su se faire serviteur alors qu’il est le fils de Dieu. Il a fait preuve d’humilité.

En fait, Jésus est un paradoxe qui peut être difficile à comprendre : homme et fils de Dieu, il est venu pour nous laver, pour nous aider, pour nous purifier, pour nous guérir, pour nous sauverRoi victorieux, il saura se mettre au service de l’humanité et sera même méprisé. Il connaîtra la condition humaine, mais nous invite pourtant à dépasser nos limites humaines, notre joug, notre fardeau, en le suivant, parce qu’il est la voie, le chemin qui mène à la douceur, à l’humilité qui plait à Dieu.

Le texte de Paul me fait aussi penser à une autre parole que Jésus a prononcée, lorsqu’il a été tenté par le diable dans le désert : l’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais aussi de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur. Cette parole est le fruit de l’esprit qui nous habite et nous aide à nous libérer de l’emprise de la chair.

Catherine

En écoutant, ou lisant un texte de Paul, j’ai souvent l’impression dans un premier temps d’assister à une belle démonstration hypothéto-déductive, telle que tous les collégiens ont eu à l’apprendre en soulignant ces mots si, et si, alors ! … et le résultat coule de source…

Paul prend une forme de parole affirmée et engagée pour convaincre les communautés auxquelles il s’adresse, de la Bonne nouvelle qui lui a été révélée et de l’urgence à se préparer car, pense-t-il, les temps nouveaux arrivent.

L’urgence nous touche moins, plus de 2000 ans ont passé sans qu’il y ait de résurrection collective, mais que nous dit, que me dit aujourd’hui sa démonstration ?

Nous ne sommes pas réduits à la vie de nos cellules. Nous ne sommes pas uniquement ce que nous croyons être, ce que nous donnons à voir dans nos limites charnelles, parfois mêmes un peu autosuffisantes. 

L’esprit de Dieu habite en nous. Il ne s’impose pas. Il ne nous contraint pas. Et si l’on veut qu’il s’enracine, il est bon de nous arrêter et de nous rendre disponibles à lui.

Et la louange, avec ses mots mâchés et polis par le temps et nos prédécesseurs, peut nous ouvrir à l’écoute, comme le psaume que nous venons de lire : « chaque jour, je te bénirai, je louerai ton nom toujours et à jamais ».

L’esprit est en chacun de nous, et ainsi il nous relie les uns aux autres, il nous ouvre à Dieu.

Cécile

L’esprit qui nous ouvre à Dieu nous prépare avec douceur et humilité. 

C’est ce dernier mot, « humilité » qui m’a particulièrement interrogée dans l’Evangile de Matthieu.

Le mot dérive du terme « humus », qui signifie « sol ». Dans notre foi chrétienne, « l’humilité est la mère de toutes les vertus, la pureté, la charité et l’obéissance. C’est lorsque nous sommes humbles que l’amour devient réel, dévoué et ardent » nous dit Mère Teresa.

L’humilité s’oppose à des comportements que nous sommes amenés à rencontrer bien trop souvent : l’orgueil, la suffisance, la vantardise, la soumission, l’humiliation, la fausse modestie qui laissent l’homme dans la superficialité et l’empêche de toucher la profondeur de son cœur.

L’humilité ne se satisfait pas de nos individualismes, de notre dépendance au matériel, de la compétition entre les individus, de cette société de consommation où tout devient objet, consommable, “jetable” à outrance.

L’humilité à laquelle nous invite Jésus oriente d’abord notre regard vers notre cœur, notre intériorité pour nous reconnaître enfant de Dieu. C’est en reconnaissant nos forces, mais aussi nos limites, nos faiblesses, nos erreurs que nous pourrons respecter les qualités et les contributions des autres sans nous sentir menacés.

L’humilité à laquelle nous invite Jésus implique de nous ouvrir au monde, à porter un regard d’amour inconditionnel sur l’autre, à accueillir au-delà des apparences, parce que chacun est bien plus que ce que nous voyons.

Concrètement, comment travailler notre humilité à l’image de Jésus ?

Sans prétendre avoir de recettes magiques, il nous a semblé que :

La première clé est le pardon : savoir se libérer des émotions négatives, en abandonnant la torture du ressentiment et en acceptant que nous pouvons commettre des erreurs, mais que l’autre a aussi ses limites humaines. Nos erreurs sont des occasions de nous rapprocher de Dieu et de compter plus que jamais sur sa miséricorde.

La deuxième clé est la prière : nous recevons tout de Dieu. Jésus nous a laissés la plus belle des prières avec le « Notre père ». Nous pouvons tout demander à Dieu. Il nous donnera le don d’humilité si nous le lui demandons. Nous pouvons le louer, le remercier pour les grâces quotidiennes qu’il nous donne dans notre passage terrestre.

Une autre clé est d’être plus à l’écoute de l’autre, surtout si nous ne sommes pas d’accord avec lui ; mais aussi de développer plus de fraternité, de rendre service, de tendre la main, de voir l’humanité de l’autre.

Parce que, comme l’affirme la philosophie africaine de l’Ubuntu, « l’humanité de chacun est liée à l’humanité des autres ». Autrement dit, « je suis parce que tu es » et qu’ensemble nous cherchons ce qu’il a de plus grand, de plus beau pour le bien de tous, pour la gloire de Dieu.

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